François Bayrou est confronté à la tâche ardue de sortir la France de mois de crise politique

Paris (AFP) - Le président Emmanuel Macron a nommé vendredi le dirigeant centriste François Bayrou au poste de Premier ministre, lui confiant la lourde tâche de sortir la France de mois de crise politique.

Le chef du groupe MoDem, allié au parti de Macron, âgé de 73 ans, a été nommé neuf jours après que le Parlement a renversé le gouvernement de Michel Barnier lors d'un vote de défiance historique à la suite d'une impasse sur un budget d'austérité.

« Le président de la République a nommé M. François Bayrou au poste de Premier ministre et lui a confié la tâche de former un gouvernement », a indiqué la présidence.

La nomination de Bayrou a suscité des critiques immédiates, le parti d'extrême gauche La France insoumise (LFI) et les Verts menaçant de soutenir une nouvelle motion de censure visant à renverser son gouvernement.

Cette annonce a mis un terme à des heures de drame qui ont vu Bayrou convoqué à une réunion à l'Elysée, suivie de spéculations selon lesquelles Macron pourrait nommer une autre personnalité, dans un contexte de rumeurs selon lesquelles les discussions avaient été tendues.

Bayrou est le sixième Premier ministre du mandat de Macron après le renversement de Barnier, qui est devenu le Premier ministre français au mandat le plus court, avec un mandat de seulement trois mois.

Il est également le quatrième Premier ministre de Macron en 2024.

Bayrou est confronté à un défi immédiat : former un cabinet capable de survivre à un vote de défiance dans un parlement divisé et d'élaborer un budget 2025 dans le but de limiter les turbulences économiques.

- « La réconciliation est nécessaire » -

« Tout le monde sait combien la tâche est difficile », a déclaré Bayrou aux journalistes.

« Tout le monde sait qu’il faut trouver un moyen de rassembler les gens plutôt que de les diviser. Je pense que la réconciliation est nécessaire », a-t-il ajouté.

La nomination de Bayrou juste avant Noël intervient après des jours de suspense

Barnier, 73 ans, devait prendre part à une cérémonie de passation de pouvoirs vendredi après-midi. La formation du nouveau cabinet devrait toutefois prendre plusieurs jours.

Bayrou aura pour mission de dialoguer avec toutes les forces politiques, à l'exception du Rassemblement national (RN) d'extrême droite et de LFI d'extrême gauche, "afin de trouver les conditions d'une stabilité et d'une action", a déclaré vendredi un membre de l'équipe de Macron.

"Le nom de François Bayrou est apparu ces derniers jours comme le choix le plus consensuel", a indiqué la source, sous couvert d'anonymat.

Le RN et LFI s'unissent pour renverser le gouvernement Barnier.

Macron est confronté à une équation politique complexe depuis les élections législatives anticipées de juillet : comment sécuriser un gouvernement contre un vote de défiance dans une chambre basse profondément divisée où aucun parti ni aucune alliance ne dispose de majorité.

Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, et la cheffe de file du RN à la Chambre des députés, Marine Le Pen, n'avaient pas participé aux derniers entretiens.

- « Écoutez l’opposition » -

Le Pen a suggéré que la nomination de Bayrou pourrait conduire à une nouvelle impasse.

Marine Le Pen, cheffe de file de l'extrême droite au Parlement, a suggéré que la nomination de Bayrou pourrait conduire à une nouvelle impasse

« Nous lui demandons de faire ce que son prédécesseur n’a pas voulu faire : écouter l’opposition et construire un budget raisonnable et bien pensé », a-t-elle déclaré sur X.

Le RN est le plus grand parti de l'Assemblée nationale. Mais le Nouveau Front populaire (NFP), parti de gauche créé pour empêcher l'extrême droite d'arriver au pouvoir, est devenu le plus grand bloc après les élections.

Les patrons de l'alliance NFP qui regroupe les socialistes, les communistes et les verts ainsi que LFI avaient exigé que Macron nomme un Premier ministre issu de leurs rangs.

Les membres du parti d'extrême gauche de Mélenchon ont menacé de déposer une nouvelle motion de censure.

"C'est une nouvelle insulte à la démocratie", a déclaré sur X Manuel Bompard, député LFI. "Renverser Bayrou, c'est renverser Macron".

Les socialistes ont rapidement posé des conditions pour ne pas soutenir une motion de censure dans une lettre ouverte à Bayrou.

Il doit accepter de ne pas faire passer de lois sans vote parlementaire et de ne pas compter sur le soutien de l'extrême droite, a déclaré le comité directeur du parti, ajoutant qu'il n'accepterait pas de postes ministériels.

La cheffe de file des Verts, Marine Tondelier, a déclaré à BFMTV que ses élus n'auraient "pas d'autre choix" que de censurer le gouvernement Bayrou s'il ne change pas sa politique économique et si le conservateur Bruno Retailleau est maintenu au ministère de l'Intérieur.

Macron devait nommer un nouveau Premier ministre lors d'un discours à la nation la semaine dernière. Signe de l'impasse, Macron n'a pas nommé le successeur de Barnier à ce moment-là et a manqué le délai de 48 heures qu'il avait donné lors d'une réunion des chefs de parti mardi.

Les sondages d'opinion ont montré que l'opinion publique en avait assez de la crise. Un peu plus des deux tiers des personnes interrogées dans un sondage Elabe publié mercredi ont déclaré qu'elles souhaitaient que les politiciens parviennent à un accord et non pas renverser un nouveau gouvernement.

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