La coalition des Verts, des socialistes, des communistes et de la France insoumise d'extrême gauche débat encore de la personne à proposer comme Premier ministre potentiel

Paris (AFP) - Les partis de gauche français ont présenté mardi des candidats potentiels pour diriger un gouvernement minoritaire, alors que le Parlement est à la dérive après un scrutin au cours duquel aucune force politique n'a revendiqué une majorité claire.

Contre toute attente, l'alliance des partis de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) a remporté le plus grand nombre de sièges lors du second tour de l'Assemblée nationale, dimanche.

Ensemble, ils détiennent 193 des 577 sièges de l'Assemblée nationale, mais sont bien loin du seuil de 289 sièges nécessaire à une majorité.

Alors que les députés nouvellement élus se rendaient sur leur lieu de travail avant une première séance le 18 juillet, la coalition des Verts, des socialistes, des communistes et de la France insoumise (LFI) a insisté sur le fait qu'ils devraient former le prochain gouvernement.

L'alliance était en effervescence avec un débat sur la question de savoir qui présenter comme Premier ministre potentiel et si l'alliance devait rechercher une coalition plus large.

Olivier Faure, le patron du Parti socialiste - membre modéré de la coalition NFP - s'est porté candidat mardi, se disant "prêt à accepter" le poste, sur la base d'un "dialogue" avec les autres membres de la coalition.

Le secrétaire général du Parti socialiste, Pierre Jouvet, avait préparé le terrain plus tôt, affirmant que « seul Faure a le profil pour rassurer et être Premier ministre ».

Nombre de sièges à la nouvelle Assemblée nationale française par parti politique après le second tour des élections législatives de 2024

Selon les observateurs, il s'agit d'une invitation ouverte au parti d'extrême gauche LFI à soutenir le socialiste comme choix de consensus plutôt que son propre patron, Jean-Luc Mélenchon, très controversé.

Certains membres du parti ont quant à eux suggéré que la députée LFI Clémence Guette, 33 ans, pourrait être une alternative prometteuse au sein de leurs propres rangs.

Quoi qu'il en soit, les membres du NFP comptent nommer un potentiel Premier ministre « d'ici la fin de la semaine », a déclaré Mathilde Panot, figure de proue du LFI.

Dans le système français, le président nomme le Premier ministre, qui doit être capable de survivre à un vote de confiance au Parlement – ​​une proposition délicate avec trois forces politiques étroitement équilibrées en jeu.

Le camp de Macron est arrivé deuxième lors du vote de dimanche, remportant 164 sièges après que les électeurs se soient rassemblés pour bloquer le Rassemblement national (RN) d'extrême droite au pouvoir.

Le parti anti-immigration et anti-Bruxelles se retrouve en troisième position avec 143 députés.

- « Personne ne peut gouverner seul » -

Le président a maintenu pour l'instant le gouvernement du Premier ministre Gabriel Attal en place, espérant que des marchandages dans les jours et les semaines à venir pourraient lui laisser une ouverture pour reprendre l'initiative.

Olivier Faure, le patron du Parti socialiste, est « prêt » à devenir Premier ministre

Les membres du camp de Macron ont considéré à la fois les socialistes de centre-gauche et les républicains conservateurs comme de possibles alliés de circonstance pour une nouvelle coalition dominée par les centristes, qui les laisserait au moins en partie aux commandes.

« Aucun des trois principaux blocs ne peut gouverner seul », écrit Stéphane Séjourne, chef du parti Renaissance de Macron, dans le quotidien Le Monde.

Les lignes rouges incluent le fait que les membres de la coalition doivent soutenir l'Union européenne et l'Ukraine et maintenir des politiques favorables aux entreprises, a-t-il déclaré.

Ces exigences, prévient-il, « excluent nécessairement LFI » et le caustique Mélenchon.

Les marchés accordent une attention particulière à la deuxième économie de l’Union européenne.

L'agence de notation Moody's a prévenu qu'elle pourrait abaisser sa note de crédit pour la dette française de plus de trois mille milliards d'euros si un futur gouvernement annulait la réforme des retraites de Macron de 2023, largement détestée, faisant écho à un avertissement lancé lundi par S&P sur le déficit.

- Et ensuite ? -

Alors que les hommes politiques s’efforcent de définir la voie à suivre dans l’immédiat, les regards se tournent déjà vers la prochaine fois où les électeurs français seront appelés aux urnes.

Jean-Luc Mélenchon, fondateur de LFI, est largement perçu comme un homme agressif

Le mandat de Macron expire en 2027 et il ne peut pas se présenter une troisième fois, ce qui pourrait laisser la voie libre à son adversaire deux fois battue, la figure de proue du RN Marine Le Pen, pour finalement remporter la présidence.

Le parti d'extrême droite digère un résultat décevant, alors que les sondages lui donnent la possibilité d'obtenir la majorité absolue au Parlement. Des sources du parti ont indiqué à l'AFP que son directeur général Gilles Pennelle avait démissionné.

Les progrès du Rassemblement national d'extrême droite de Marine Le Pen sont indéniables, passant de seulement 8 députés en 2017 à 143 aujourd'hui

Dans un développement sans rapport avec cette affaire, les enquêteurs français ont déclaré mardi qu'ils enquêtaient sur les finances de la campagne 2022 de Le Pen à la suite d'allégations de détournement de fonds, de falsification, de fraude et du fait qu'un candidat d'une campagne électorale a accepté un prêt.

Macron, lui, a cherché à rester au-dessus de la mêlée, en prévoyant un voyage à Washington pour un sommet de l'OTAN qui débute mercredi et où les alliés pourraient avoir besoin d'être rassurés sur la stabilité de la France.