Macron accuse ses alliés d'un « spectacle désastreux »

Paris (AFP) - Le Premier ministre français a été élu samedi à la tête de l'Assemblée nationale, alors que des personnalités politiques de tous bords se bousculent pour former le prochain gouvernement.

Gabriel Attal était le seul candidat du groupe parlementaire Renaissance, qu'il compte utiliser comme base pour reconstruire la force politique qui a été largement battue lors d'élections anticipées convoquées par le président Emmanuel Macron.

Sur les 98 députés Renaissance inscrits pour voter, 84 ont soutenu Attal, qui prendra ses fonctions la semaine prochaine.

Alors qu'Attal et d'autres ministres envisagent un avenir en dehors du gouvernement, de profondes fissures sont apparues entre le Premier ministre de 35 ans et son ancien mentor Macron.

Macron n'a pas été mentionné dans le message d'Attal aux députés de Renaissance décrivant sa candidature à la direction du parti, les observateurs affirmant que le Premier ministre accuse le président d'avoir convoqué le vote, qui, selon lui, a conduit le parti au bord de « l'extinction ».

Le second tour des élections législatives de dimanche a laissé l'Assemblée nationale sans majorité absolue, mais une large alliance - appelée Nouveau Front populaire (NFP) - composée de socialistes, de communistes, d'écologistes et de la France insoumise (LFI) d'extrême gauche a remporté le plus grand nombre de sièges, avec 193 sur les 577 que compte la chambre basse.

Les alliés de Macron arrivent en deuxième position avec 164 sièges et le Rassemblement national (RN) d'extrême droite troisième avec 143.

Macron, qui est encore au pouvoir depuis près de trois ans, s'en est pris à Attal et à d'autres lors d'une réunion à huis clos vendredi, affirmant que ses amis politiques avaient fait d'eux-mêmes un « spectacle désastreux » depuis les élections anticipées.

Des participants à la réunion, à laquelle participaient notamment Attal, son rival le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne, ont déclaré à l'AFP que Macron avait exhorté ses alliés à donner la priorité « à la nation plutôt qu'à une ambition prématurée ».

- Un ancien député communiste comme Premier ministre ? -

Selon la Constitution, Macron nommera le prochain Premier ministre, qui devra être en mesure de survivre à une motion de confiance au Parlement.

Cette nomination pourrait intervenir dès la semaine prochaine, à l'ouverture de la nouvelle session de l'Assemblée nationale, mais Macron pourrait demander à Attal de rester en place pendant que Paris accueille les Jeux olympiques à partir du 26 juillet.

Une telle décision donnerait également au bloc NFP plus de temps pour parvenir à un accord sur un candidat de consensus à présenter à Macron.

L'ancienne députée communiste Huguette Bello apparaît comme un choix possible pour le poste de Premier ministre

Les membres de l'alliance sont en désaccord quant au choix d'un candidat approprié.

Jean-Luc Mélenchon, militant LFI, est l'un des rares noms débattus au sein du bloc.

Mais les dernières spéculations se concentrent sur Huguette Bello, 73 ans, ancienne députée communiste et actuellement présidente du conseil régional de La Réunion, territoire français d'outre-mer, comme candidate possible de consensus.

Elle bénéficie du soutien de LFI, des communistes et des Verts, tandis que les socialistes soutiennent leur chef de parti Olivier Faure, un modéré.

Macron a exclu un rôle gouvernemental pour LFI – le plus grand acteur de l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) – ou pour le RN d'extrême droite dans toute nouvelle coalition.

"Je m'engage à me prémunir contre tout gouvernement" qui comprendrait des ministres RN ou LFI, a-t-il ajouté. "Je contribuerai à l'émergence d'une majorité sur les projets et les idées", a-t-il ajouté.

Certains membres du RN d’extrême droite ont suggéré qu’un gouvernement technocratique non partisan et acceptable par tous les partis pourrait être la voie à suivre.

Quel que soit le candidat à la tête du nouveau gouvernement, ses ambitions en matière de dépenses seront limitées par la faiblesse des finances publiques françaises.

Les déficits budgétaires et les niveaux d'endettement ont grimpé en flèche ces dernières années, le ministre des Finances Bruno Le Maire ayant déclaré cette semaine que la France devait trouver un total de 25 milliards d'euros (27 milliards de dollars) d'économies cette année pour commencer à revenir à la viabilité budgétaire.

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