Les attentats ont paralysé le trafic ferroviaire à grande vitesse en France

Paris (AFP) - Une enquête est ouverte lundi en France sur l'implication possible de mouvements d'extrême gauche dans les attaques qui ont paralysé le réseau ferroviaire au début des Jeux olympiques, alors que de nouveaux actes de sabotage ont touché des câbles à fibre optique dans plusieurs zones.

Alors que le gouvernement est vigilant face au risque de nouvelles attaques de ce type pendant les Jeux, les autorités françaises ont arrêté dimanche un militant d'un mouvement d'extrême gauche sur un site appartenant à la SNCF.

Selon la police, les câbles de plusieurs opérateurs de télécommunications ont été sabotés dans six régions de France dans la nuit de dimanche à lundi, mais Paris n'a pas été touchée.

L'AFP a confirmé auprès des principaux opérateurs, dont Free et SFR, qu'ils avaient été affectés, même si aucune perturbation majeure n'a encore été signalée.

"C'est du vandalisme", a déclaré à l'AFP Nicolas Chatin, porte-parole de SFR, l'un des quatre plus gros opérateurs français. "De larges sections de câbles ont été sectionnées. Il fallait utiliser une hache ou une meuleuse", a-t-il ajouté.

Mais le groupe a minimisé l'impact d'une éventuelle perturbation, affirmant qu'au final, seuls 10 000 clients de téléphonie fixe avaient été touchés.

- « Ça progresse bien » -

L'homme a été interpellé dimanche à Oissel (nord de la France) et détenait des clés d'accès à des locaux techniques de la SNCF, à des outils et à des documents liés à "l'ultra-gauche", a indiqué une source policière sous couvert d'anonymat.

Il a été placé en garde à vue pour être interrogé à Rouen, principale ville de la région Normandie en France.

Des inconnus ont attaqué vendredi matin trois installations ferroviaires différentes dans différentes régions de France, provoquant des jours de chaos sur le réseau à grande vitesse alors que Paris accueille les Jeux olympiques de 2024.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a laissé entendre que l'extrême gauche pourrait être impliquée

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclaré sur France 2 que les autorités étudiaient la thèse selon laquelle des mouvements "d'ultra-gauche" seraient à l'origine des attentats.

Les services français ont « identifié un certain nombre de profils qui auraient pu commettre » les actes de sabotage, a-t-il précisé.

Il a déclaré que « les attaques étaient très intentionnelles et bien ciblées ».

Darmanin a ajouté qu'il s'agissait là du « mode de fonctionnement traditionnel de l'ultra-gauche ».

« La question est de savoir s’ils ont été manipulés par d’autres personnes ou s’ils l’ont fait pour leur propre compte », a-t-il ajouté. « Nous avançons bien et nous les retrouverons. »

Il a déclaré que les saboteurs avaient clairement des « informations » sur les installations, mais a refusé de commenter lorsqu'on lui a demandé s'il pensait qu'elles provenaient de l'intérieur de la SNCF.

Un courrier électronique prétendant revendiquer les attentats a été reçu ce week-end par plusieurs médias français, utilisant une rhétorique typique des groupes militants et qualifiant les Jeux olympiques de « célébration du nationalisme ».

Il ne contient cependant aucun détail sur la manière dont les attaques ont été menées et des sources policières interrogées par l'AFP ont mis en garde contre toute interprétation de cet e-mail comme une revendication de responsabilité.

Darmanin a estimé que le message pouvait être « opportuniste ».

Aucun lien n'a été établi entre l'homme interpellé dimanche dans le nord de la France et l'enquête sur les attentats survenus tôt vendredi, a indiqué une source policière.

- 'Franchement furieux' -

Lundi matin, tous les trains à grande vitesse en France circulaient à nouveau normalement après que les ingénieurs ferroviaires ont travaillé 24 heures sur 24 pour réparer les dégâts, a déclaré le ministre des Transports Patrice Vergriete.

Le coût du sabotage s'élèvera "très probablement" à des millions d'euros, incluant "des pertes commerciales" et des "frais de réparation", a déclaré le ministre à RTL.

Des câbles à fibres optiques courant à proximité des voies et assurant la transmission d'informations de sécurité destinées aux conducteurs, comme des feux et des aiguillages de signalisation, ont été sectionnés et incendiés lors des attentats sur trois des principales lignes à grande vitesse TGV, dans l'ouest, le nord et l'est de la France.

Les employés de la SNCF ont travaillé jour et nuit pour réparer les dégâts

On ne sait pas encore si la police établit un lien entre les attaques de sabotage contre les câbles de télécommunications et les câbles ferroviaires.

Une source proche du dossier a déclaré à l'AFP que personne n'avait encore revendiqué la responsabilité du sabotage des télécommunications.

« Ce qui nous met franchement en colère, c'est qu'on a le sentiment que l'Etat n'a pas pris la mesure de l'importance de ces attaques potentielles sur les infrastructures stratégiques de la France », a déclaré Nicolas Guillaume, de Netalis, opérateur spécialisé.

« On l’a déjà vu avec ce qui est arrivé à la SNCF. »