Il reste cinq jours avant les élections

Paris (AFP) - Plus de 200 candidats du centre et de la gauche se sont retirés de la course au second tour des élections législatives françaises, mardi, une mesure que le président Emmanuel Macron espère empêcher l'extrême droite de prendre le pouvoir.

Les Français votent dimanche lors du dernier tour des élections législatives anticipées Macron a appelé à une "clarification" de la politique après la défaite de son camp aux élections européennes le mois dernier.

Son pari s'est retourné contre lui, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen ayant remporté le premier tour le 30 juin. Mais le principal suspense est désormais de savoir si le RN pourra obtenir suffisamment de sièges pour former un gouvernement.

Face à la perspective d'une prise de pouvoir par l'extrême droite pour la première fois depuis l'occupation de la France par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, le camp de Macron et la gauche ont appelé à un large « Front républicain » pour stopper le parti anti-immigration et eurosceptique de Le Pen.

Alors que la date limite d'inscription approche mardi, plus de 200 candidats pro-Macron ou de gauche se sont retirés des élections pour empêcher le RN de remporter des sièges.

Marine Le Pen évoque la possibilité d'accepter de former un gouvernement si le RN tombe légèrement en dessous de la majorité absolue

Le Pen semble revenir sur ses propos précédents selon lesquels le RN ne formerait un gouvernement qu'avec une majorité absolue de 289 des 577 sièges de l'Assemblée nationale, affirmant qu'il essaierait quand même d'obtenir un score légèrement inférieur à ce chiffre.

Elle a déclaré que son parti chercherait à former un gouvernement et à faire de son protégé de 28 ans, Jordan Bardella, Premier ministre à partir d'un minimum de « par exemple, 270 députés » et trouverait ensuite le soutien de 19 autres députés.

« Si nous avons ensuite une majorité, alors oui, bien sûr, nous irons faire ce pour quoi les électeurs nous ont élus », a-t-elle déclaré sur France Inter.

Si Bardella devient Premier ministre, cela créerait une période de « cohabitation » tendue avec Macron, qui a promis de terminer son mandat jusqu’en 2027.

Le Premier ministre Gabriel Attal, 35 ans, a déclaré lundi soir qu'il « serait catastrophique pour les Français » de donner à l'extrême droite une majorité absolue.

- « Tu n'as pas le droit ! » -

Mardi, Attal a été mis sous pression par un électeur de 22 ans lors d'une étape de campagne à Paris, qui a accusé le camp centriste de ne pas faire assez pour empêcher la montée du parti de Le Pen.

Le Premier ministre français Gabriel Attal déguste des produits lors d'une étape de campagne sur un marché du 15e arrondissement de la capitale française

« Vous n'avez pas le droit de laisser le monde à l'extrême droite », a-t-il déclaré à Attal lors d'un échange tendu, ajoutant que les gens de sa génération « commencent tout juste leur vie ».

Seuls 76 députés, presque tous d'extrême droite et d'extrême gauche, ont été élus d'emblée au premier tour de scrutin ce week-end.

Le sort des 501 sièges restants sera déterminé au second tour, lors d'un second tour entre deux ou trois candidats restants.

Parmi les candidats qui ont décidé d'abandonner la course, plus de 120 sont membres de la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), arrivée deuxième au premier tour, et plus de 70 représentent le camp de Macron.

Une candidate du RN a également abandonné la course mardi en raison d'une publication sur les réseaux sociaux la montrant portant une casquette de l'armée de l'air de la Luftwaffe de l'Allemagne nazie, a déclaré un responsable du parti.

Macron subit une pression considérable

Mais des dissensions existent au sein du camp présidentiel sur le soutien à apporter aux candidats du NFP issus du parti d'extrême gauche La France insoumise (LFI).

Plusieurs poids lourds du camp Macron, dont le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, ont fait valoir qu'ils ne devraient pas aider les candidats de LFI, accusé par ses détracteurs d'extrémisme et de ne pas avoir soutenu Israël après l'attaque du Hamas du 7 octobre.

- « Coup d'État administratif » -

Alors que les tensions montaient à cinq jours du scrutin, Le Pen a accusé Macron de s'être précipité pour nommer des fonctionnaires à des postes clés dans la police et d'autres institutions avant toute cohabitation dans ce qu'elle a décrit comme « une forme de coup d'État administratif ».

Le bureau de Macton l'a exhortée à faire preuve de « retenue », affirmant que les rendez-vous faisaient partie d'une routine établie.

La plupart des projections réalisées immédiatement après le premier tour montraient que le RN n’atteindrait pas la majorité absolue.

Macron appelle à un front contre l'extrême droite

Selon les analystes, le résultat le plus probable est un parlement sans majorité absolue, ce qui pourrait conduire à des mois de paralysie politique, au moment où la France accueille les Jeux olympiques.

Le chaos risque également de nuire à la crédibilité internationale de Macron, champion de la lutte de l'Ukraine contre l'invasion russe, qui doit participer à un sommet de l'OTAN à Washington immédiatement après le vote.

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