Le président Emmanuel Macron cherche une issue à la crise politique en France

Paris (AFP) - Le président Emmanuel Macron s'est entretenu vendredi avec les chefs de partis de gauche et de droite pour tenter de trouver un compromis qui donnerait à la France un nouveau Premier ministre et une voie de sortie de crise.

Macron a adopté un ton de défi dans son discours à la nation jeudi soir, 24 heures après le renversement du gouvernement du Premier ministre Michel Barnier lors d'un vote de défiance historique.

Il a promis de nommer un nouveau Premier ministre dans les « prochains jours », a rejeté la pression croissante de l'opposition pour démissionner et a imputé les malheurs de la France à un « front anti-républicain » de l'extrême gauche et de l'extrême droite.

Barnier a démissionné de son poste de Premier ministre français au mandat le plus court après le vote de défiance parlementaire de mercredi, une première depuis plus de six décennies.

« Je nommerai un Premier ministre dans les prochains jours », a déclaré M. Macron, ajoutant qu'un « gouvernement d'intérêt général » serait formé pour faire passer un budget.

Barnier, qui n'est Premier ministre que depuis trois mois, et ses ministres resteront en charge de manière intérimaire jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit nommé.

Macron a rencontré vendredi les dirigeants des factions parlementaires de ses propres forces centristes, du Parti socialiste et des Républicains.

La France insoumise (LFI) d'extrême gauche et le Rassemblement national (RN) d'extrême droite n'ont pas été invités aux discussions à ce stade.

Macron a une raison supplémentaire de limiter le chaos politique alors qu'il accueille samedi les dirigeants mondiaux - dont le président élu américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky - pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris après un incendie dévastateur en 2019.

- « On ne peut pas arrêter le pays » -

Macron, qui espère depuis longtemps séparer les socialistes traditionnels de leur pacte avec LFI, a reçu un coup de pouce lorsque le chef du Parti socialiste Olivier Faure a déclaré qu'il était prêt à négocier avec les centristes du président et la droite.

Après leur rencontre, Faure a déclaré que Macron ne lui avait « absolument pas » demandé de renoncer à son alliance avec LFI.

Faure s'est dit lui-même prêt à « des compromis sur tous les sujets », y compris l'épineux sujet de la réforme des retraites.

« Nous devons trouver une solution car nous ne pouvons pas paralyser le pays pendant des mois », a-t-il déclaré.

Michel Barnier a démissionné de son poste de Premier ministre après une motion de censure à son encontre

Toute coopération serait toutefois conditionnée à la nomination par Macron d'un Premier ministre de centre-gauche, a déclaré Faure, excluant catégoriquement de soutenir un Premier ministre de droite.

Faure ne semble pas avoir le soutien de ses alliés de gauche, le vétéran du parti LFI, Jean-Luc Mélenchon, déclarant que son parti n'avait donné aux socialistes « aucun mandat » pour négocier un accord avec Macron.

La cheffe du Parti vert, Marine Tondelier, a appelé Faure à ne pas « tomber dans le piège » qu'elle accuse Macron d'avoir tendu.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a quant à lui tracé sa propre ligne rouge, affirmant que la droite ne ferait "aucun compromis" avec la gauche, qu'il accuse d'avoir trahi ses principes en concluant un pacte avec LFI.

L'éviction de Barnier en un temps record est survenue après des élections législatives anticipées en juin qui ont abouti à un parlement sans majorité absolue.

L’élément déclencheur de son éviction a été son projet de budget pour 2025, qui comprenait des mesures d’austérité inacceptables pour la majorité du Parlement.

- Macron dit qu'il n'ira pas -

Barnier est le cinquième Premier ministre de Macron, leurs mandats étant de plus en plus courts. Compte tenu de la polarisation du Parlement, rien ne garantit que le successeur de Barnier restera en place plus longtemps.

Le ministre loyaliste de la Défense, Sébastien Lecornu, et l'allié centriste de Macron, François Bayrou, sont des candidats potentiels, tout comme l'ancien Premier ministre socialiste et ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Le parlement français est divisé en trois

Les règles constitutionnelles prévoient que de nouvelles élections législatives ne pourront pas être convoquées avant juillet.

Deux sondages suggèrent qu'une nette majorité de Français souhaite que Macron, à qui il reste deux ans et demi au pouvoir, quitte son poste plus tôt que prévu.

Le président a rejeté ces appels, affirmant qu'il exercerait le reste de son mandat de cinq ans « pleinement, jusqu'au bout » et promettant « 30 mois d'action utile pour le pays ».

Les marchés financiers semblent avoir salué la détermination apparente de Macron à prendre les choses en main.

L'indice phare de la Bourse de Paris, le CAC-40, a affiché un gain d'environ 1,2% vendredi en fin de séance.

Sur le marché de la dette, le rendement à 10 ans des obligations d'État françaises a reculé, indiquant que les investisseurs estiment que le risque pour la situation financière de la France est devenu moins aigu depuis le discours du président.