Barnier, 73 ans, est le Premier ministre le plus âgé de l'histoire de la France moderne

Paris (AFP) - Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier a entamé vendredi des consultations avec toutes les parties prenantes pour constituer un gouvernement capable de réunir une majorité au Parlement après deux mois de blocage politique.

Cet ancien ministre des Affaires étrangères de 73 ans, qui a récemment agi en tant que négociateur du Brexit pour l'Union européenne, est le Premier ministre le plus âgé de l'histoire de la France moderne.

Prenant la relève de Gabriel Attal, un centriste de 35 ans deux fois plus jeune que lui et premier Premier ministre ouvertement homosexuel du pays, Barnier s'est engagé à assumer sa nouvelle tâche avec « humilité ».

Il a déclaré que l'éducation, la sécurité et le « contrôle de l'immigration » étaient ses priorités et a affirmé qu'il n'aurait pas peur de dire la vérité sur la « dette financière » du pays, mais a également promis un « changement ».

Le président Emmanuel Macron a nommé Barnier après des semaines d'impasse alors que la France accueillait les Jeux olympiques et une partie des Jeux paralympiques après que son alliance centriste ait perdu sa majorité relative au Parlement lors d'élections anticipées.

Macron a pris le risque de dissoudre le Parlement en juin et d'appeler au vote après que l'extrême droite a battu son alliance aux élections européennes.

Les élections ont vu une alliance de gauche émerger comme la plus grande force politique française, mais sans suffisamment de sièges pour une majorité absolue.

Au lieu de cela, le Rassemblement national (RN) d'extrême droite anti-immigration de Marine Le Pen est devenu le plus grand parti de la chambre basse de la deuxième plus grande économie de l'Union européenne, avec le plus de votes dans toutes les motions de confiance, suivi par le groupe centriste de Macron.

Marine Le Pen, qui dirige le RN au Parlement, a déclaré que son parti ne ferait pas partie du nouveau gouvernement, mais qu'il attendrait le premier discours politique de Barnier devant le Parlement pour décider s'il le soutenait ou non.

Les critiques affirment que Macron a fait de Le Pen le faiseur de roi de facto, bien qu'il se soit longtemps présenté comme un rempart contre l'extrême droite.

- 'Trahi' -

La gauche en particulier est sous le choc de la nomination de Barnier et cherchera probablement à le renverser à la Chambre basse.

"Je suis très en colère, comme des millions d'électeurs français qui se sentent trahis, je pense", a déclaré sur RTL Lucie Castets, l'économiste de 37 ans que la gauche souhaitait voir devenir Premier ministre. "Le président se met en cohabitation avec le Rassemblement national", a-t-elle ajouté, promettant de déposer une motion de censure contre M. Barnier.

Le quotidien Le Monde a décrit Barnier comme un « Premier ministre sous surveillance du RN ». Le quotidien Libération, de gauche, a mis en Une une une photo de Barnier avec la mention « approuvé par Marine Le Pen ».

Barnier doit rencontrer vendredi Attal, qui reste chef du groupe centriste Ensemble pour la République (EPR) du président à l'Assemblée, avant de s'entretenir avec les dirigeants de son propre parti, les Républicains (LR), pour discuter de la composition d'un nouveau cabinet, ont indiqué ses conseillers.

Des rencontres avec des responsables politiques de gauche, le parti d'extrême gauche La France insoumise (LFI) et le RN devraient suivre, ont indiqué les collaborateurs.

« Il veut des ministres solides, compétents et efficaces », a déclaré l'un de ses collaborateurs, et « aura la liberté de les choisir ».