Macron va mener deux jours de discussions tendues à l'Elysée

Paris (AFP) - Le président français Emmanuel Macron a entamé vendredi une série de consultations épineuses avec les dirigeants politiques, dans l'espoir de constituer une coalition au pouvoir viable après les élections non concluantes du mois dernier.

Six semaines après des élections anticipées au cours desquelles Macron a perdu sa majorité parlementaire relative, il n'a toujours pas nommé de nouveau Premier ministre, dont la première grande tâche sera de soumettre le projet de budget de l'année prochaine à l'Assemblée nationale.

Le Nouveau Front populaire (NFP), parti de gauche devenu la plus grande faction après les élections, a déclaré qu'il souhaitait que l'économiste de 37 ans Lucie Castets soit la nouvelle Première ministre.

Mais les forces de Macron se montrent peu intéressées par cette idée, préférant une éventuelle alliance avec la droite traditionnelle.

"Nous sommes venus ici pour rappeler au président combien il est important de respecter le résultat des élections et de sortir le pays de la paralysie", a déclaré Mme Castets à son arrivée vendredi à l'Elysée, accompagnée d'autres représentants du PFN.

Elle et ses alliés se sont déclarés prêts à trouver un « compromis, étant donné que personne n'a la majorité absolue » et œuvreraient pour la « stabilité », a déclaré M. Castets.

Avant la rencontre avec Macron, Manuel Bompard, coordinateur du parti d'extrême gauche La France insoumise (LFI), avait également prévenu : « Nous n'allons pas négocier avec lui ».

Au lieu de cela, a-t-il annoncé, « nous lui dirons qu'il n'y a pas d'alternative à la nomination de Lucie Castets ».

- « Prêts à construire des coalitions » -

Mais les alliés de Macron – qui ont déclaré après l'élection que « personne n'avait gagné » – ont fait valoir que le bloc de gauche était trop faible pour prétendre au poste de Premier ministre et espèrent plutôt former une majorité autour d'une figure centriste.

En quittant l'Elysée, Mme Castets a déclaré aux journalistes avoir effectivement décelé « une tentation du président de construire son propre gouvernement ».

Elle-même s'est déclarée « prête à construire des coalitions, dès aujourd'hui », et à discuter avec les autres groupes politiques.

Macron a reconnu lors des entretiens que tous les partis opposés à l'extrême droite « sont pleinement légitimes pour gouverner », a déclaré le chef de file socialiste Olivier Faure.

La période actuelle est la plus longue que la France ait jamais connue sans chef de gouvernement après des élections législatives, après que Macron a déclaré qu'il ne donnerait pas la priorité à la tâche d'en trouver un pendant les Jeux olympiques de Paris, qui se sont terminés le 11 août.

Le Premier ministre Gabriel Attal dirige un gouvernement intérimaire.

Les opposants ont vivement critiqué Macron pour avoir pris autant de temps, le sénateur écologiste Yannick Jadot qualifiant la position du président de « déni de démocratie ».

Même certains alliés de Macron commencent à s’impatienter.

Un responsable de son cabinet a insisté jeudi sur le fait que « le président est du côté du peuple français, garant des institutions ».

Les discussions à l'Élysée, prévues vendredi et lundi, réuniront des représentants de tout l'éventail politique.

Le bureau de Macron n'a pas donné d'indication sur la date à laquelle le président pourrait faire son choix pour le poste de Premier ministre, mais les observateurs s'attendent à ce qu'il le fasse la semaine prochaine.

Celui qui sera nommé devra être en mesure de survivre à une motion de confiance au Parlement et de présenter un projet de loi budgétaire pour 2025 au Parlement avant le 1er octobre, délai légal.

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