Les écoles de toute la France ont participé à une minute de silence

Paris (AFP) - Les écoles françaises ont observé lundi une minute de silence en mémoire d'un enseignant tué la semaine dernière dans ce que le gouvernement a qualifié d'attentat terroriste islamiste, le président appelant à une réponse "impitoyable" aux extrémistes.

L'agression au couteau survenue vendredi à Arras, dans le nord du pays, près de trois ans jour pour jour après un meurtre similaire d'un enseignant près de Paris, a choqué l'opinion publique et déclenché une réponse massive des forces de sécurité.

Ajoutant à la tension, la même école d'Arras a été évacuée lundi suite à une alerte à la bombe, même si les autorités ont déclaré plus tard que l'alerte avait été levée.

Le président français Emmanuel Macron a demandé aux ministres « d’incarner un État impitoyable envers tous ceux qui nourrissent des idéologies de haine et de terrorisme », a déclaré un haut responsable aux journalistes.

Le président a ensuite écrit que les écoles resteraient un « rempart » contre l’extrémisme et « un sanctuaire pour nos élèves et tous ceux qui y travaillent » dans un message sur X (anciennement Twitter).

- 'Très seul' -

Le meurtre de l'enseignant par un ancien élève a exacerbé la nervosité en France, qui compte d'importantes populations musulmanes et juives et est en alerte face à la violence depuis l'attaque du Hamas contre Israël.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré lundi que 102 personnes avaient été arrêtées pour actes antisémites ou soutien au terrorisme depuis l'attentat du 7 octobre.

Les cours ont été interrompus pour une minute de silence à 14h00 (12h00 GMT) en mémoire du professeur de français Dominique Bernard, 57 ans. Il a été poignardé à mort dans l'école d'Arras lors d'une attaque qui a également blessé trois autres adultes.

L'école a été évacuée après une alerte à la bombe

Les premiers cours ont été annulés lundi dans les collèges et lycées pour permettre aux enseignants de discuter de l'attaque et de la manière d'y faire face devant les élèves.

"C'était très important pour nous de nous rencontrer, ça fait baisser les tensions car en tant qu'enseignants, nous sommes très seuls", explique Benjamin Marol, professeur d'histoire dans une école de Montreuil en banlieue parisienne.

Bernard a été tué presque trois ans jour pour jour après la décapitation du professeur Samuel Paty devant son école en banlieue parisienne, le 16 octobre 2020.

Les familles de l'assassin de Paty et de l'agresseur présumé d'Arras sont toutes deux originaires de la région russe du Caucase du Nord.

- 'Approche spéciale' -

La police a identifié l'auteur présumé de l'attentat de vendredi comme étant Mohammed Moguchkov, 20 ans. Il est né dans la république à majorité musulmane d'Ingouchie et serait arrivé en France à l'âge de cinq ans.

Le suspect, qui aurait crié « Allahu akbar ! (Dieu est le plus grand) lors de l'attaque, a été arrêté mais n'a pas encore pris la parole, selon une source policière.

Il figurait déjà sur un registre national français en tant que menace potentielle pour la sécurité et sous la surveillance de la DGSI, l'agence de renseignement intérieure française. Son père, qui figurait également sur la liste, a été expulsé en 2018.

Il y a trois ans, Paty a été décapité par Abdullah Anzorov, 18 ans, un réfugié radicalisé né à Moscou de parents tchétchènes. Comme l’Ingouchie, la Tchétchénie est une république russe à majorité musulmane.

La France a relevé son niveau d'alerte

Anzorov, arrivé en France à l'âge de six ans, a été abattu par la police sur place.

Macron a appelé la police à examiner ses dossiers de personnes radicalisées qui pourraient être expulsées.

Darmanin a déclaré que 193 de ces cas seraient réexaminés.

Macron a demandé à Darmanin de se concentrer particulièrement sur « les jeunes hommes âgés de 16 à 25 ans originaires du Caucase », a déclaré son conseiller.

Le meurtre de vendredi a conduit à des appels à un renforcement de la sécurité dans les écoles. Le gouvernement a déjà placé le pays en état d'alerte et déployé 7 000 soldats.

- Lutte politique -

Plus de 260 personnes ont été tuées en France depuis 2012 dans des attentats imputés ou revendiqués par des islamistes radicaux – depuis les massacres de Paris et de Nice en 2015 et 2016 jusqu’aux meurtres individuels d’enseignants, de policiers ou d’un prêtre.

La série d’incidents violents a maintenu les questions de sécurité et d’immigration au premier plan du débat politique.

Lundi, la présidente de l'Assemblée nationale (chambre basse), Yael Braun-Pivet, qui appartient au parti Renaissance de Macron, a déclaré qu'un projet de loi sur l'immigration devrait être voté d'ici la fin de l'année.

Le président Emmanuel Macron a appelé à une réponse « impitoyable »

Le projet de loi prévoit que "les personnes non intégrées, qui se radicalisent, qui jurent une haine féroce contre la République (française)… doivent effectivement pouvoir être expulsées", a-t-elle déclaré sur France 2.

La résistance au projet de loi est venue des Républicains conservateurs, qui rejettent d'autres dispositions permettant la régularisation de certains migrants sans permis de séjour.