Le président français Emmanuel Macron devait se rendre sur place

Arras (France) (AFP) - Un homme d'origine tchétchène a poignardé à mort un enseignant et grièvement blessé deux autres adultes vendredi dans une école du nord-est de la France, le président Emmanuel Macron dénonçant un acte de "terreur islamiste".

L’attaque dans la ville d’Arras intervient alors que la France, qui compte d’importantes populations juives et musulmanes, est en état d’alerte face aux risques sécuritaires suite à l’attaque du Hamas contre Israël le week-end dernier.

"Cette école a été frappée par la barbarie du terrorisme islamiste", a déclaré Macron après avoir visité l'école d'Arras, estimant que la victime avait "probablement sauvé de nombreuses vies" grâce à son courage en cherchant à bloquer l'agresseur.

Macron a déclaré vendredi qu’une deuxième attaque avait été déjouée ailleurs en France par les forces de sécurité, mais n’a pas donné de détails.

L'agresseur présumé, Mohammed Moguchkov, âgé d'une vingtaine d'années, a été arrêté par la police.

Il est originaire de la région tchétchène du sud du Caucase, à majorité musulmane, et figurait déjà sur un registre national français connu sous le nom de «Fiche S» comme menace potentielle pour la sécurité, a déclaré à l'AFP une source policière. Il était sous surveillance électronique et physique par les services de renseignement intérieur français. DGSI.

Mogoutchkov a crié la phrase arabe « Allahu akbar ! » (Dieu est le plus grand !), selon les éléments préliminaires de l'enquête.

La victime, un professeur de français, a été poignardée à la gorge et à la poitrine.

Les blessés sont un agent de sécurité de l'école qui a été poignardé à plusieurs reprises et qui luttait pour sa vie et un enseignant qui se trouve dans un état moins grave, a ajouté la source.

Aucun élève de l'école n'a été blessé, a indiqué une autre source policière.

L'attaque intervient près de trois ans jour pour jour après la décapitation, le 16 octobre 2020, de l'enseignant Samuel Paty, également par un Tchétchène, près de son école en banlieue parisienne.

"Trois ans après l'assassinat de Samuel Paty, le terrorisme frappe à nouveau une école et dans un contexte que nous connaissons tous", a déclaré Macron.

L'agresseur a été arrêté et aucun élève de l'école n'a été blessé

Selon la police, le frère de Mogoutchkov, âgé de 17 ans, a été arrêté à proximité d'une autre école.

Le profil de Mogoutchkov est celui d'"un individu radicalisé dont le potentiel (d'agir) est connu, mais qui décide soudain d'agir", a déclaré à l'AFP une source des renseignements français, sous couvert d'anonymat.

- Panique à l'école -

Les élèves et les enseignants ont été confinés dans l'enceinte de l'école avant d'être autorisés à sortir plus tard dans l'après-midi.

Un large cordon de sécurité a été mis en place autour de l'école, où sont déployés la police, les pompiers et les secours, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les parents se sont rassemblés devant l'école, où les élèves étaient visibles à travers les fenêtres.

Les enfants étaient gardés à l'intérieur de l'école

Un professeur de philosophie témoin de l'attaque, Martin Dousseau, a décrit un moment de panique pendant la récréation, lorsque les écoliers se sont retrouvés nez à nez avec l'homme armé.

« Il s’en est pris au personnel de la cantine. J'ai voulu descendre pour intervenir, il s'est tourné vers moi, m'a poursuivi et m'a demandé si j'étais professeur d'histoire-géographie», a raconté Dousseau. "Nous nous sommes barricadés, puis la police est arrivée et l'a immobilisé."

Une enquête terroriste a été ouverte sur cette attaque, ont indiqué les procureurs.

Le pays a subi une série d'attaques perpétrées par des extrémistes islamistes depuis 2015, notamment des attentats-suicides et des attaques à l'arme à feu en novembre 2015 contre des cibles à Paris revendiquées par l'État islamique (EI), qui ont tué 130 personnes.

Il y a eu une relative accalmie ces dernières années, même si les responsables ont averti que la menace persistait.

- Protection renforcée -

Macron a déclaré jeudi dans un discours à la nation que 582 établissements religieux et culturels en France bénéficiaient d'une protection policière renforcée après l'attaque du Hamas contre Israël.

Carte localisant Arras dans le nord de la France

S'exprimant à Arras, il a réaffirmé le message qu'il avait prononcé lors de ce discours, demandant aux Français de « se tenir côte à côte » et de « rester unis ».

Le ministre français de l'Éducation, Gabriel Attal, a déclaré dans un message adressé aux responsables régionaux de l'éducation que la sécurité devrait être renforcée dans les écoles « sans délai ».

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a interdit jeudi les manifestations pro-palestiniennes en France jusqu'à nouvel ordre au motif qu'elles « sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public », ajoutant que les organisateurs devraient être arrêtés.

Au mépris de son ordre, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées jeudi soir sur la Place de la République à Paris et dans d'autres villes françaises, dont Lille et Toulouse, scandant des slogans pro-palestiniens et anti-israéliens, ont constaté des correspondants de l'AFP.

La police parisienne a utilisé des gaz lacrymogènes et des lances à pression pour disperser les manifestants et a déclaré avoir arrêté 10 des quelque 3 000 personnes présentes.