Ouagadougou (AFP) - Une soixantaine de civils ont été tués dans un village du nord du Burkina Faso par des hommes portant des uniformes militaires, a annoncé dimanche le procureur local, annonçant une enquête sur le dernier bain de sang dans le pays touché par l'insurrection.

Enclavé et au cœur du Sahel de l'Afrique de l'Ouest, le pays est l'un des plus instables et des plus pauvres au monde.

Les attaques imputées à des djihadistes présumés sont en augmentation au Burkina Faso, qui lutte contre une insurrection qui a débordé du Mali voisin.

"Une soixantaine de personnes ont été tuées par des personnes portant l'uniforme de nos forces armées nationales" jeudi dans le village de Karma, dans la province du Yatenga (nord), a indiqué à l'AFP le procureur du tribunal de grande instance de Ouahigouya, Lamine Kaboré, citant la gendarmerie.

"Les blessés ont été évacués et sont actuellement pris en charge au sein de nos structures de santé", a-t-il indiqué, précisant que les auteurs avaient "emporté divers biens".

Le village de Karma se trouve près de la frontière malienne et attire de nombreux orpailleurs illégaux.

Selon des habitants contactés par l'AFP, des rescapés ont déclaré que plus de 100 personnes à motos et camionnettes ont fait irruption dans le village.

Des dizaines d'hommes et de jeunes ont été tués par les hommes, vêtus d'uniformes militaires, ont-ils déclaré.

Les survivants ont fait un bilan "d'environ 80 morts".

- ‘General mobilisation’ -

La dernière effusion de sang s'est produite une semaine après que 34 volontaires de la défense et six soldats ont été tués lors d'une attaque par des djihadistes présumés près du village d'Aorema, à environ 15 kilomètres (10 miles) de la capitale provinciale Ouahigouya et à 40 kilomètres de Karma.

Suite à cet attentat, la junte militaire du Burkina Faso a déclaré une « mobilisation générale » pour donner à l'État « tous les moyens nécessaires » pour combattre une série d'attentats sanglants imputés aux djihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.

Le décret stipule que toute personne âgée de plus de 18 ans et physiquement apte qui n'est pas dans les forces armées sera "appelée à s'enrôler en fonction des besoins exprimés par les autorités compétentes".

Le gouvernement avait déjà annoncé un plan visant à recruter 5 000 soldats supplémentaires pour combattre l'insurrection qui s'est emparée du pays depuis 2015.

Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition du Burkina, s'est fixé pour objectif de reprendre les 40 % du territoire du pays contrôlés par les djihadistes.

La violence a fait plus de 10 000 morts, selon des groupes d'aide non gouvernementaux, et déplacé deux millions de personnes de leurs foyers.

La colère au sein de l'armée face au bilan croissant a déclenché deux coups d'État en 2022, dont le plus récent a eu lieu en septembre, lorsque Traoré a pris le pouvoir.

Il s'en tient à l'engagement pris par la junte précédente d'organiser des élections pour un gouvernement civil d'ici 2024.