Paris a progressivement renforcé la réglementation des trottinettes électriques depuis leur introduction chaotique en 2018

Paris (AFP) - Les habitants de Paris ont voté dimanche sur l'opportunité de bannir les scooters électriques de location des rues de la capitale française, qui a été pionnière dans l'adoption de la nouvelle forme de transport urbain qui divise.

Les autorités municipales ont autrefois accueilli à bras ouverts les opérateurs de scooters de location basés sur des applications, les considérant comme une alternative sans émissions aux voitures et aux motos.

Mais après une introduction chaotique en 2018, la mairie a progressivement renforcé la réglementation, créant des zones de stationnement désignées, limitant la vitesse maximale et restreignant le nombre d'opérateurs.

Leur présence reste controversée, les piétons se plaignant de conduite imprudente tandis qu'une série d'accidents mortels a mis en évidence les dangers des véhicules qui peuvent actuellement être loués par des enfants dès l'âge de 12 ans.

"Ils sont dangereux, tant pour ceux qui les utilisent que pour les piétons", a déclaré dimanche à l'AFP Françoise Granier, médecin de 68 ans qui a voté dans le 9e arrondissement de la capitale. "Et la police n'intervient jamais."

Comme elle, l'informaticien Michael Dahan, 50 ans, a déploré l'état des rues de la capitale : « Si c'était mieux réglementé, je ne serais pas contre… mais vous voyez des gens se comporter de façon folle.

La maire de Paris Anne Hidalgo a poussé le vélo et le partage de vélos mais est favorable à l'interdiction des scooters électriques

De tels points de vue devraient dominer dans les 21 isoloirs installés autour de la capitale française, l'exercice étant présenté comme une "consultation publique" plutôt qu'un référendum par la maire Anne Hidalgo.

Le leader socialiste pro-cyclisme est favorable à une interdiction et a annoncé le vote en janvier pour régler la question de savoir s'ils devraient être autorisés.

"Je m'engage à respecter le choix des électeurs, purement et simplement", a-t-elle déclaré aux journalistes en votant.

"C'est très cher - cinq euros pour 10 minutes - ce n'est pas très durable, et surtout, c'est la cause de beaucoup d'accidents", a-t-elle ajouté.

La consultation n'affectera pas les scooters électriques privés, dont 700 000 ont été vendus dans tout le pays l'année dernière, selon les chiffres du ministère des Transports.

Environ 100 000 trajets sont effectués chaque jour en France sur des e-scooters de location dans environ 200 villes.

- Regardé à l'étranger -

Le ministre des Transports, Clément Beaune, s'attend à ce que le scrutin aboutisse à une interdiction, tandis que certains opérateurs craignent également en privé un résultat négatif à moins que leurs utilisateurs, pour la plupart jeunes, ne se rendent aux urnes.

"C'est une consultation importante qui sera regardée par beaucoup d'autres villes de France et d'outre-mer", a déclaré mercredi Beaune à la radio Europe 1.

Il soutient que les scooters électriques sont une nouvelle solution de transport précieuse qui a remplacé jusqu'à un trajet sur cinq à Paris qui aurait auparavant impliqué un véhicule produisant des émissions.

Au total, 1,6 million de personnes ont le droit de voter, et le taux de participation devrait être faible. Les résultats devraient être publiés vers 22h00 (20h00 GMT).

Une interdiction serait un revers pour des opérateurs tels que Lime, basé en Californie, Dott, basé à Amsterdam, ou Tier en Allemagne et pourrait encourager d'autres villes à emboîter le pas.

Montréal a interdit tous les scooters électriques à la location ou à usage privé en 2020, tandis que Copenhague a interdit les versions de location en 2020 avant de les ramener un an plus tard avec des conditions plus strictes.

Mais les opérateurs insistent sur le fait qu'ils sont toujours en expansion.

"Paris va à contre-courant", a déclaré à l'AFP Hadi Karam, directeur général pour la France chez Lime, citant des décisions d'augmenter le nombre de scooters électriques ou de prolonger des contrats à Washington, Madrid ou Londres.

"Il y a une tendance vers ces véhicules et cette tendance a commencé à Paris, qui a été un pionnier", a-t-il déclaré. "Aujourd'hui tout le monde est convaincu et Paris décide de faire un pas dans l'autre sens. C'est incompréhensible pour nous.

Le vote a également attiré l'attention sur le bilan environnemental des scooters électriques au milieu d'un débat sur la question de savoir s'ils contribuent à réduire les émissions, étant donné que dans la plupart des cas, ils remplacent un trajet qui aurait auparavant été effectué à pied ou en transports en commun.

Leurs batteries ont également une courte durée de vie d'environ trois ans en moyenne, selon le ministère des Transports.

"Nous pensons que c'est un appareil utile", a déclaré à l'AFP Tony Renucci, responsable de l'association Respire qui lutte contre la pollution de l'air. "Nous devons le préserver et non l'interdire."