Macron, 45 ans, a promis une "nouvelle méthode" pour son second mandat qui a débuté en mai dernier

Paris (AFP) - Le président français Emmanuel Macron s'apprête à donner une interview télévisée mercredi, l'homme de 45 ans cherchant à calmer la colère du public face à sa réforme des retraites et à freiner la spirale des protestations et des grèves.

La police a arrêté 234 autres personnes à Paris lundi soir lors d'affrontements tendus entre manifestants et forces de sécurité, a indiqué une source policière, plusieurs groupes brûlant des poubelles, des vélos et d'autres objets.

Les derniers troubles surviennent après que le gouvernement centriste de Macron a survécu de peu à deux motions de censure au Parlement lundi, ce qui signifie que la législation visant à relever l'âge de la retraite de 62 à 64 ans semble presque certaine d'entrer en vigueur.

La colère suscitée par la décision du gouvernement d'invoquer un pouvoir constitutionnel notoire pour imposer la réforme au parlement sans vote la semaine dernière a consterné nombre de ses alliés politiques et provoqué la fureur dans les rues.

La colère suscitée par la décision du gouvernement d'imposer la réforme au parlement sans vote a provoqué la fureur dans les rues

"La réforme est adoptée mais elle n'est pas considérée comme légitime aux yeux des Français", a déclaré mardi le politologue Jérôme Jaffré à la radio France Inter. "C'est une source de problèmes, d'amertume, et c'est loin d'être résolu."

De violentes manifestations ont également eu lieu dans les villes de l'est de Dijon et Strasbourg dans la nuit, tandis que des manifestants ont bloqué mardi une autoroute dans le sud-est de la France et ont continué de perturber le trafic autour du port nord du Havre.

Le bureau de Macron a déclaré qu'il passerait en direct pour répondre aux questions des journalistes des diffuseurs TF1 et France 2 à 13h00 (12h00 GMT) mercredi.

L'ancien banquier d'investissement, qui a fait de la réforme des retraites un thème central de sa campagne de réélection en avril dernier, a jusqu'à présent évité de commenter la législation, laissant la Première ministre Elisabeth Borne comme le visage public du changement.

"Le président doit parler, le plus tôt sera le mieux", a déclaré lundi à l'AFP Bruno Millienne, député du parti MoDem, allié à Macron. "Nous devons rassembler la nation."

Une enquête réalisée dimanche a montré que la note personnelle du président était à son plus bas niveau depuis le pic du mouvement de protestation antigouvernemental Yellow Vest en 2019, avec seulement 28% des personnes interrogées ayant une opinion positive de lui.

- Frappe en avant -

Le gouvernement a survécu lundi à deux motions de censure déposées par des groupes d'opposition, dont une a échoué par seulement neuf voix à l'Assemblée nationale de 577 sièges.

Le parti d'extrême droite Rassemblement national de Marine Le Pen est sur le point de déposer mardi un recours contre la loi sur les retraites devant le Conseil constitutionnel, mais il est peu probable qu'il aboutisse.

"L'une des difficultés du moment, après les votes de défiance, c'est qu'il n'y a pas de solutions évidentes (à la crise politique), ou qu'elles sont difficiles à trouver", a déclaré Vincent Martigny, professeur de sciences politiques à l'université de Nice. a déclaré à la chaîne France 5.

Des ordures s'entassent sur plusieurs mètres de haut dans certains quartiers de Paris en raison d'une grève des éboueurs municipaux

Sous le feu des critiques, Borne a refusé de se plier aux appels à la démission, déclarant à l'AFP qu'elle était "déterminée à continuer à mener les transformations nécessaires dans notre pays avec mes ministres".

Outre la crise politique déclenchée par la loi, le gouvernement est également confronté à des problèmes croissants d'ordre public et au risque de perturbation économique.

Des manifestations spontanées de jeunes ont vu des affrontements nocturnes avec la police depuis la semaine dernière, tandis que des grèves et des blocages dans les raffineries de pétrole risquent de créer des pénuries de carburant.

Les pénuries dans le port sud de Marseille ont vu de longues files de chauffeurs se former dans les stations-service.

"Je suis allé dans la plupart des stations-service", a déclaré à l'AFP Christos Chatts, un lycéen de 18 ans, alors qu'il cherchait de l'essence dans le centre-ville avant ses examens de fin d'année. "Ils sont soit fermés, soit il n'y a pas de carburant, soit il y a des files d'attente monstres."

Le gouvernement a annoncé mardi qu'il réquisitionnerait les travailleurs d'un dépôt de carburant à Fos-sur-Mer près de Marseille, les forçant à reprendre le travail sous peine de poursuites.

Les rues de Paris restent également jonchées d'ordures non ramassées après une grève de deux semaines des éboueurs, provoquant des inquiétudes de santé publique.

"Le mot clé pour les jours à venir est 'pacification'", a déclaré mardi l'ancien président François Hollande, un critique fréquent de Macron, à la chaîne LCI.

Des initiés du gouvernement et des observateurs ont fait craindre que la France ne se dirige à nouveau vers un épisode de manifestations violentes soutenues, quelques années seulement après que le mouvement "Yellow Vest" a secoué le pays de 2018 à 2019.

Une autre série de grèves et de manifestations organisées par les syndicats a été déclenchée jeudi et devrait à nouveau paralyser les transports publics.

"Rien n'affaiblira la détermination des travailleurs", a déclaré le syndicat dur CGT.

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