La police s'attendait à ce que jusqu'à un million de personnes manifestent dans toute la France, mais moins de la moitié de ce chiffre s'est présenté

Paris (AFP) - Des manifestants en France sont descendus dans la rue samedi pour une septième journée de protestation contre les projets de réforme des retraites du président Emmanuel Macron, mais le taux de participation est resté bien en deçà des projections lors de rassemblements nationaux.

Les syndicats espèrent pouvoir encore forcer Macron à reculer alors que le Parlement débat du projet de loi, l'Assemblée nationale et le Sénat se dirigeant vers un vote final dès ce mois-ci.

"C'est la dernière ligne droite", a déclaré Marylise Léon, responsable adjointe du syndicat CFDT. "La fin de partie, c'est maintenant", a-t-elle déclaré samedi à la chaîne franceinfo.

Cette semaine, Macron a refusé à deux reprises les appels urgents des syndicats pour le rencontrer dans une dernière tentative pour le faire changer d'avis.

Le camouflet a mis les syndicats "très en colère", a déclaré Philippe Martinez, patron du syndicat d'extrême gauche CGT.

Quand j'aurai 64 ans ? Pas pour ce manifestant

"Quand il y a des millions de personnes dans les rues, quand il y a des grèves et qu'on n'obtient de l'autre côté que du silence, les gens se demandent : qu'est-ce qu'on doit faire de plus pour se faire entendre ?", a-t-il dit, appelant à un référendum sur la réforme des retraites.

Le ministère de l'Intérieur a déclaré que quelque 368 000 personnes se sont présentées dans tout le pays pour des manifestations, soit moins de la moitié des 800 000 à un million que la police avait prédits avant les manifestations.

A Paris, 48 ​​000 ont participé à des rassemblements, contre des prévisions policières d'environ 100 000.

Réforme des retraites françaises : parcours contestataire à Paris

Les syndicats, qui ont estimé le nombre de participants à un million, avaient espéré que le taux de participation serait plus élevé un samedi où la plupart des gens n'avaient pas à s'absenter du travail pour y assister. Le 11 février, également un samedi, 963 000 personnes ont manifesté, selon la police.

Lors de la dernière grande journée de grève et de protestation mardi, la participation était d'un peu moins de 1,3 million de personnes, selon la police, et de plus de trois millions selon les syndicats.

- 'L'avenir des enfants' -

"Je suis ici pour me battre pour mes collègues et pour nos jeunes", a déclaré Claude Jeanvoine, 63 ans, un conducteur de train à la retraite manifestant à Strasbourg, dans l'est de la France.

"Les gens ne devraient pas laisser le gouvernement s'en tirer comme ça, il s'agit de l'avenir de leurs enfants et petits-enfants", a-t-il déclaré à l'AFP.

Marie-Cécile Perillat, responsable régionale du syndicat FSU qui manifeste à Toulouse, dans le sud-ouest, a déclaré : « Ils commencent à ressentir la pression, y compris au parlement. Nous croyons que nous pouvons gagner et nous n'allons pas abandonner.

La principale mesure de la réforme est une augmentation de l'âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans, considérée par beaucoup comme injuste pour les personnes qui ont commencé à travailler jeunes.

Les manifestants disent que les femmes, en particulier les mères, sont également désavantagées par la loi.

"Si j'avais su que cela allait arriver, je n'aurais pas arrêté de travailler pour m'occuper de mes enfants quand ils étaient petits", a déclaré Sophie Merle, une assistante maternelle de 50 ans à Marseille, dans le sud de la France.

Il y a eu des troubles à Paris, et des arrestations

Plusieurs secteurs de l'économie française ont été visés par les appels des syndicats à des grèves illimitées, notamment dans les transports ferroviaires et aériens, les centrales électriques, les terminaux de gaz naturel et la collecte des ordures.

Samedi à Paris, les transports urbains ont été peu touchés par les débrayages, à l'exception de certaines lignes de trains de banlieue.

Mais les déchets non collectés ont commencé à s'accumuler dans certains quartiers de la capitale et les compagnies aériennes ont annulé environ 20 % de leurs vols programmés dans les aéroports français.

Il y a eu des affrontements sporadiques lors des manifestations parisiennes, certains manifestants lançant des projectiles sur la police et incendiant des poubelles, ont indiqué des journalistes de l'AFP. Il y a eu plusieurs arrestations.

Le Sénat français, quant à lui, a repris samedi le débat sur la réforme.

Les sénateurs ont jusqu'à dimanche soir pour conclure leurs discussions, et une commission doit alors élaborer une version finale du projet de loi qui sera soumise aux deux chambres du parlement pour un dernier vote.

Si le gouvernement Macron ne parvenait pas à réunir une majorité avant le vote, la Première ministre Elisabeth Borne pourrait déployer un outil constitutionnel rarement utilisé, connu sous le nom d'article 49 ⁄ 3 , pour faire adopter la législation sans vote.

Un sondage d'opinion publié samedi par la chaîne de télévision BFMTV a révélé que 63 % des Français approuvent les protestations contre la réforme, et 54 % sont également favorables aux grèves et aux blocages dans certains secteurs.

Quelque 78 % ont cependant déclaré qu'ils pensaient que Macron finirait par faire adopter la réforme.

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