La Déclaration universelle des droits de l'homme a été signée au Palais de Chaillot, à Paris, en 1948.

Paris (AFP) - Le 10 décembre 1948, les Nations Unies adoptaient la Déclaration universelle des droits de l'homme dans l'espoir de créer un monde meilleur après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale.

Trois ans après la victoire des Alliés sur les nazis, c’était la première fois que les pays acceptaient de protéger les droits et libertés fondamentaux à l’échelle universelle, pour tous.

Il s’agit également de l’une des premières réalisations des Nations Unies, elles-mêmes nées des cendres de la Seconde Guerre mondiale, et qui a inspiré le développement du droit international des droits de l’homme.

Son adoption à Paris a été saluée par une longue ovation de la part de délégués déterminés à ce que le monde ne connaisse plus jamais des atrocités comme celles d'Auschwitz, d'Hiroshima et d'autres.

Bien que non juridiquement contraignante, la déclaration souligne la suprématie des droits individuels sur ceux des États.

Elle place les libertés économiques, sociales et culturelles au même niveau que les droits civils et politiques.

Les droits de l’homme ne sont plus exclusivement une affaire intérieure, comme Hitler prétendait empêcher toute ingérence étrangère. Il s'agit désormais d'un problème universel.

À l’occasion du 75e anniversaire de l’adoption de la charte marquante, voici un rappel historique.

- Un monde divisé en quête de consensus -

La première Assemblée générale des Nations Unies en 1946 a créé une Commission des droits de l'homme – composée de 18 membres issus de divers horizons politiques, culturels et religieux – pour travailler sur une déclaration internationale des droits.

Le comité de rédaction s'est réuni pour la première fois en 1947 sous la dynamique présidence d'Eleanor Roosevelt, veuve du président américain Franklin D. Roosevelt.

Ses autres représentants provenaient de huit pays sélectionnés en fonction de leur situation géographique, le Canadien John Peters Humphrey et le Français René Cassin jouant un rôle clé dans la rédaction.

"C'est le premier document de type éthique que l'humanité organisée ait jamais adopté", a rappelé Cassin.

Installation « Lumière des droits de l'homme », Vienne, de Victoria Coeln à l'occasion du 75e anniversaire de la DUDH

Il s'inspire des principes qui sous-tendent la Déclaration d'indépendance des États-Unis de 1776 et la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

Plusieurs femmes ont joué un rôle clé dans la rédaction, notamment Hansa Mehta, fervente défenseure des droits des femmes en Inde et à l'étranger.

On lui attribue largement la modification de l'article 1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de « Tous les hommes naissent libres et égaux » à « Tous les êtres humains naissent libres et égaux ».

La déclaration a été adoptée par la troisième Assemblée générale de l'ONU à Paris le 10 décembre 1948.

Il a été soutenu par 48 des 58 pays membres de l'ONU à l'époque.

Deux autres – le Yémen et le Honduras – étaient absents.

Les huit autres se sont abstenus – la Biélorussie, la Tchécoslovaquie, la Pologne, l’Union soviétique, l’Ukraine, la Yougoslavie, l’Afrique du Sud de l’apartheid et l’Arabie saoudite, ce qui a remis en question l’idée selon laquelle les hommes et les femmes étaient égaux.

- Inspirant mais contesté -

"À une époque où le monde était divisé en blocs de l'Est et de l'Ouest, trouver un terrain d'entente sur ce qui devrait constituer l'essence du document s'est avéré être une tâche colossale", déclare l'ONU sur son site Internet.

Les communistes ont déclaré qu’on accordait trop d’importance aux droits individuels et politiques au détriment des droits sociaux.

Les démocraties occidentales craignaient que la déclaration ne devienne un outil juridique restrictif qui pourrait être utilisé contre elles par leurs propres colonies.

Malgré les doutes et les débats de l’époque, la Déclaration universelle des droits de l’homme a inspiré tous les traités d’après-guerre et est considérée comme le fondement du droit international des droits de l’homme.

Les conventions internationales contre la discrimination des femmes en 1979 et contre la torture en 1984 ; les droits des enfants en 1990 ; la création de la Cour pénale internationale en 1998 – tous en sont les descendants directs.

Il a également inspiré le « droit d’intervenir » dans un autre pays pour des raisons humanitaires, défendu par l’ancien ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, cofondateur de Médecins sans frontières (MSF).

Mais la déclaration n’a pas pu empêcher les violations des droits qu’elle défend.

Cela n’a pas non plus échappé aux critiques, notamment selon lesquelles le concept d’« universalisme » n’est guère plus qu’un diktat occidental.

Et il s’est heurté à la résistance idéologique, culturelle et religieuse de divers pays, comme la Chine et la Russie, ainsi que de ceux qui appliquent la charia islamique.

Soixante-quinze ans après son adoption, des voix se font entendre pour que la déclaration soit mise à jour, par exemple pour y intégrer des défis tels que le changement climatique, les migrations massives et les technologies modernes.

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