Des personnes en deuil se rassemblent à Tel-Aviv pour rendre hommage à la famille Bibas

Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) - Le Hamas va remettre jeudi les corps de quatre otages israéliens, en échange de plus de 600 prisonniers palestiniens, couronnant ainsi la première phase d'un cessez-le-feu à Gaza.

Les États-Unis ont déclaré que les pourparlers étaient en bonne voie pour une deuxième phase de l'accord de cessez-le-feu qui a largement tenu mais dont la complexité et la mise en œuvre prolongée ont mis en évidence sa fragilité.

En Israël, des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi pour les funérailles de Shiri Bibas et de ses fils, tués en captivité à Gaza et devenus symboles du calvaire des otages du pays.

Le cessez-le-feu a largement mis un terme à la guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023, et a vu 25 otages libérés vivants jusqu'à présent en échange de centaines de prisonniers.

"Le Hamas et d'autres factions de la résistance remettront les corps de quatre prisonniers israéliens", a déclaré à l'AFP un responsable du Hamas, ajoutant qu'en échange, Israël libérerait 625 prisonniers palestiniens lors d'un échange débutant jeudi.

Israël a conclu un accord avec des médiateurs pour la restitution des corps de quatre otages israéliens détenus à Gaza, a annoncé le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

À Washington, l'envoyé spécial du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient a déclaré que des représentants israéliens étaient en route pour des pourparlers sur la prochaine phase de l'accord de cessez-le-feu.

« Nous réalisons de grands progrès. Israël envoie une équipe en ce moment même », a déclaré Steve Witkoff lors d'un événement organisé par le Comité juif américain.

« Cela se fera soit à Doha, soit au Caire, où les négociations reprendront avec les Egyptiens et les Qataris », a-t-il déclaré.

Un mémorial improvisé avec des portraits des otages israéliens défunts Shiri, Ariel et Kfir Bibas, ainsi que d'Oded Lifshitz sur la place des otages à Tel Aviv

Cette première phase doit s'achever samedi, mais les négociations pour l'étape suivante – qui devaient débuter début février – n'ont pas encore commencé.

Le Hamas a déclaré qu’il était prêt à libérer tous les otages restants « en une seule fois » au cours de la deuxième phase.

Dimanche, le groupe a accusé Israël de mettre en danger la trêve à Gaza en retardant la libération de plus de 600 prisonniers palestiniens.

Israël a déclaré être préoccupé par la manière dont les otages ont été libérés, Netanyahu décrivant les remises comme des « cérémonies humiliantes ».

Israël n'a pas encore fait de commentaire sur la question de savoir s'il libérerait des prisonniers palestiniens jeudi.

Selon le responsable du Hamas, qui s'est exprimé auprès de l'AFP sous couvert d'anonymat, 602 prisonniers qui devaient être libérés le week-end dernier le seront jeudi.

Vingt-trois autres personnes, toutes des femmes et des mineurs, seront également libérées, a-t-il ajouté.

- Minute de silence -

Le Parlement israélien a observé une minute de silence pour pleurer la mort de trois membres de la famille Bibas, ainsi que d'autres victimes de l'attaque d'octobre 2023 contre Israël.

« Hier, les funérailles d’Oded Lifshitz ont eu lieu ; aujourd’hui, celles de Shiri, Kfir et Ariel Bibas ont lieu. Nous nous souvenons de toutes les victimes du 7 octobre. Nous nous souvenons et nous n’oublierons pas », a déclaré le porte-parole Amir Ohana.

Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier, le Hamas a libéré 25 otages vivants lors de cérémonies publiques à travers Gaza, où des combattants masqués et armés ont escorté les captifs sur des scènes couvertes de slogans.

Israël a libéré plus de 1 100 prisonniers palestiniens.

Le Comité international de la Croix-Rouge a exhorté toutes les parties à procéder aux échanges de prisonniers et d’otages « de manière digne et privée ».

En Israël, les prisonniers sont largement considérés comme des « terroristes » en raison des attaques violentes qu’ils ont perpétrées contre des civils et des forces de sécurité.

Des militants du Hamas défilent sur scène à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, avec les otages israéliens récemment libérés

Pour les Palestiniens, cependant, ces libérations sont perçues comme une justice longtemps retardée pour des prisonniers considérés comme des symboles de résistance contre l’occupation israélienne.

Les deux parties se sont mutuellement accusées d’avoir violé le cessez-le-feu, mais celui-ci a jusqu’à présent été largement respecté.

Israël s'est engagé à détruire le Hamas après son attaque de 2023, la plus meurtrière de l'histoire du pays, et a fait du retour de tous les otages capturés ce jour-là un objectif de guerre central.

L'attaque qui a déclenché la guerre a fait plus de 1.200 morts, en majorité des civils, selon un décompte réalisé par l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens.

Les représailles israéliennes à Gaza ont fait plus de 48 000 morts, selon le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas, des chiffres que les Nations unies considèrent comme crédibles.

- Funérailles de la famille Bibas -

En Israël, des milliers de personnes en deuil se sont rassemblées pour le cortège funèbre de Shiri Bibas et de ses fils Kfir et Ariel.

« Shiri, je suis désolé de ne pas avoir pu vous protéger tous », a déclaré l'otage israélien libéré Yarden Bibas dans son éloge funèbre lors des funérailles de sa femme et de ses deux fils.

L'hymne national israélien a été joué alors que le convoi funéraire traversait la foule en deuil dans la ville centrale de Rishon LeZion, où les restes des trois otages avaient été préparés pour l'enterrement.

Un combattant palestinien du Hamas précède les véhicules de la Croix-Rouge internationale à leur arrivée dans le centre de la bande de Gaza pour accueillir trois otages israéliens. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié ces cérémonies d'"humiliantes".

"La famille Bibas, je pense, est comme le symbole de tout ce qui nous est arrivé depuis le 7 octobre", a déclaré à l'AFP Ayala Schlesinger Avidov, enseignante à la retraite, 72 ans, visiblement émue.

« Les deux bébés et la mère qui n’ont rien fait au monde et qui ont été assassinés de sang-froid. »