Trois personnes ont été tuées dans l'attaque de l'église de Nice

Paris (AFP) - Un Tunisien a été jugé lundi pour avoir poignardé à mort trois personnes dans une église de Nice, dans le sud de la France, en 2020, mais son insistance sur le fait qu'il n'avait aucun souvenir des événements a provoqué la colère des proches des victimes.

Brahim Aouissaoui, 25 ans, est jugé par un tribunal spécial à Paris et risque la réclusion à perpétuité s'il est reconnu coupable. L'attentat du 29 octobre 2020 est l'un des nombreux incidents meurtriers survenus en France et imputés aux islamistes radicaux depuis 2015.

Aouissaoui, s'exprimant en arabe par l'intermédiaire d'un interprète, avec ses cheveux longs peignés en arrière et une barbe courte, a confirmé son identité à l'ouverture du procès.

Il a affirmé qu'il n'avait aucun souvenir de l'agression et a déclaré au tribunal : « Je ne me souviens pas des faits. Je n'ai rien à dire parce que je ne me souviens de rien. »

Un cri de rage et de désespoir a retenti depuis les bancs du tribunal réservés aux proches des victimes et à leurs avocats.

Le juge d'instruction Christophe Petiteau a ordonné aux gendarmes d'expulser un homme qui avait crié des insultes à Aouissaoui.

Aouissaoui a également déclaré qu'il ne connaissait pas le nom de son avocat.

« Quand je lui parle, j'ai l'impression – mais encore une fois je ne suis ni médecin ni expert – j'ai l'impression qu'il ne comprend pas les enjeux de ce procès, qu'il ne comprend pas les enjeux de cette affaire », a déclaré son avocat Martin Mechin aux journalistes à l'extérieur du tribunal.

- « Très exagéré » -

Selon les procureurs, armé d'un couteau de cuisine, Aouissaoui aurait presque décapité Nadine Vincent, une fidèle de 60 ans, poignardé à 24 reprises Simone Barreto Silva, une mère franco-brésilienne de 44 ans, et égorgé le sacristain Vincent Loques, 55 ans, père de deux filles.

Grièvement blessé par la police après l'attaque, Aouissaoui a toujours affirmé qu'il ne se souvenait de rien.

Toutefois, son examen médical n’a révélé aucune lésion cérébrale et une évaluation psychiatrique a conclu qu’il n’y avait aucune altération de son jugement au moment des faits.

Son attitude au tribunal a provoqué la colère de ses proches

Ses conversations téléphoniques en prison ont également montré « que sa prétendue amnésie était à tout le moins très exagérée », selon le parquet.

Son comportement relève d'une « amnésie factice », voire d'une « tromperie », selon Philippe Soussi, avocat du mari d'une victime et de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), ajoutant que la « radicalisation de l'accusé est ancienne et profonde ».

- «Commettre une attaque» -

Aouissaoui est arrivé en Europe depuis la Tunisie le mois précédant l'attaque, traversant d'abord la Méditerranée vers l'Italie, puis se rendant en France par voie terrestre.

Le matin de l'attaque, Aouissaoui est entré dans la basilique Notre-Dame, au cœur de Nice, portant un exemplaire du Coran, trois couteaux et deux téléphones portables, selon les procureurs.

Ils ont fait valoir qu'il avait déjà l'intention de « commettre un attentat en France » avant de quitter la Tunisie, pointant une « radicalisation avérée et une association avec des individus impliqués dans des affaires terroristes » en Tunisie.

L'accusé doit être contre-interrogé le 24 février et le procès devrait durer jusqu'au 26 février.

Les procureurs affirment qu'Aouissaoui a des antécédents de radicalisation

La tuerie de Nice intervient deux semaines après la décapitation du professeur d'histoire Samuel Paty par un réfugié tchétchène de 18 ans pour avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression.

Aouissaoui a été abattu de plusieurs balles par la police après les meurtres et a continué à crier « Allahu Akbar » (Dieu est le plus grand) alors qu'il était arrêté.

Les services de renseignements français n'avaient aucun dossier concernant Aouissaoui avant l'attaque.

Il est issu d’une famille nombreuse de la ville tunisienne de Sfax.

Sa mère a déclaré qu'il réparait des motos et a décrit comment il s'était mis à la prière dans les années précédant son départ.

« Il ne sortait pas et ne communiquait pas avec les autres », a-t-elle déclaré à l'AFP peu après l'attaque.