Des femmes et des enfants marchent le long d'une route détruite à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza

Jérusalem (AFP) - Israël a menacé mardi de reprendre "des combats intenses" à Gaza si les otages n'étaient pas libérés ce week-end, tandis que le Hamas a insisté sur son engagement à respecter l'accord de cessez-le-feu et a accusé Israël de violations.

Aux termes du cessez-le-feu, qui a mis un terme à plus de 15 mois de combats à Gaza, les prisonniers devaient être libérés par lots en échange de Palestiniens détenus par Israël. Jusqu'à présent, Israël et le Hamas ont procédé à cinq échanges d'otages et de prisonniers.

Mais l'accord a été soumis à des tensions croissantes ces derniers jours, ce qui a incité les diplomates à déployer des efforts pour le sauver et le Hamas à déclarer qu'il était « attaché au cessez-le-feu ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que « si le Hamas ne rend pas nos otages d’ici samedi midi, le cessez-le-feu prendra fin et l’armée israélienne reprendra des combats intenses jusqu’à ce que le Hamas soit définitivement vaincu ».

Des Israéliens manifestent devant le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem, appelant à conclure l'accord sur la prise d'otages

Sa menace fait écho à celle du président américain Donald Trump qui a déclaré lundi que « l'enfer » éclaterait si le Hamas ne libérait pas « tous » les otages israéliens d'ici samedi.

Les tensions, qui ont initialement augmenté après que Trump a proposé le mois dernier de prendre le contrôle de Gaza et d'en expulser plus de deux millions d'habitants, se sont intensifiées après ses derniers commentaires.

« En ce qui me concerne, si tous les otages ne sont pas rendus d'ici samedi midi… je dirais qu'il faut annuler l'opération et que l'enfer éclate », a déclaré Trump.

Alors qu'il recevait le roi Abdallah II de Jordanie à la Maison Blanche mardi, on a demandé à Trump si son délai était toujours valable et il a répondu « oui ».

Le haut dirigeant du Hamas, Sami Abu Zuhri, a déclaré que la remarque de Trump « complique encore davantage les choses ».

« Trump doit se rappeler qu'il y a un accord qui doit être respecté par les deux parties », a-t-il déclaré à l'AFP.

Mardi soir, le groupe militant a de nouveau insisté sur le fait qu'il était « engagé à respecter l'accord de cessez-le-feu » mais a déclaré qu'Israël « est la partie qui n'a pas respecté ses engagements et est responsable de toute complication ou retard ».

Interrogé à la Maison Blanche sur la proposition largement critiquée de Trump de déplacer les habitants de Gaza, le roi Abdallah a seulement déclaré que l'Égypte était en train de préparer une réponse.

Dans une déclaration publiée plus tard sur X, le roi a déclaré qu'il avait « réitéré la position ferme de la Jordanie contre le déplacement des Palestiniens », ajoutant qu'il s'agissait de « la position arabe unifiée ».

- « Plus de phases » -

Le Hamas a annoncé qu'il reporterait la prochaine libération d'otages, prévue samedi, accusant Israël de violer l'accord et l'appelant à remplir ses obligations.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté le Hamas à procéder à la libération prévue et à « éviter à tout prix la reprise des hostilités à Gaza ».

Des tentes abritant des Palestiniens déplacés, dans la cour d'une école de la ville de Gaza

Les rebelles houthis du Yémen, alignés sur le Hamas et qui ont lancé des attaques tout au long de la guerre en soutien aux Palestiniens, ont déclaré qu'ils étaient « prêts à lancer une intervention militaire à tout moment en cas d'escalade contre Gaza ».

Netanyahu n'a pas précisé s'il faisait référence à tous les captifs, mais son ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a appelé le Premier ministre à « ouvrir les portes de l'enfer » si Israël ne récupère pas « tous les otages… d'ici samedi ».

« Plus de phases, plus de jeux », a déclaré le leader d’extrême droite Smotrich, appelant à l’arrêt de toute aide humanitaire et exigeant « l’occupation totale de la bande de Gaza ».

L'armée israélienne a déclaré avoir décidé « d'augmenter le niveau de préparation » de ses forces près de la bande de Gaza et « d'augmenter les renforts avec des troupes supplémentaires, y compris des réservistes ».

Devant le bureau de Netanyahu à Jérusalem, les familles des otages se sont rassemblées avec des photos de leurs proches, appelant à la mise en œuvre de l'accord.

Les propos du président américain Donald Trump ont accru les tensions autour du fragile cessez-le-feu à Gaza

« Il y a un accord. Foncez ! », a déclaré Zahiro, dont l’oncle, Avraham Munder, est mort en captivité à Gaza.

À Gaza, les inquiétudes quant au sort du cessez-le-feu étaient prédominantes.

« Je prie pour que le cessez-le-feu soit maintenu, mais… la faction au pouvoir en Israël veut la guerre, et je crois qu’il y a aussi une faction au sein du Hamas qui veut la guerre », a déclaré Adnan Qassem, 60 ans, de Deir el-Balah.

- « Catastrophe humanitaire » -

La dernière menace de Trump est survenue quelques heures après que la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a déclaré que la libération des otages prévue samedi était reportée.

Il a accusé Israël de ne pas avoir respecté ses engagements dans le cadre de l'accord, notamment en matière d'aide, et a cité la mort de trois Gazaouis ce week-end.

Mais le groupe a déclaré que « la porte reste ouverte » pour que la libération ait lieu « une fois que l’occupation aura obtempéré ».

La guerre de Gaza a été déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1 211 personnes, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir des chiffres officiels israéliens.

Les militants ont également pris 251 otages, dont 73 sont toujours à Gaza, dont 35, selon l'armée israélienne, sont morts.

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, affirme que la guerre a tué au moins 48 219 personnes dans le territoire, des chiffres que l'ONU considère comme fiables.

Un rapport de l'ONU publié mardi indique que plus de 53 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire Gaza et mettre fin à la « catastrophe humanitaire » dans le territoire dévasté.