Sébastien Lecornu est le septième Premier ministre français depuis 2017

Paris (AFP) - Le Premier ministre français Sébastien Lecornu a essuyé jeudi deux motions de confiance, quelques jours après avoir nommé son nouveau gouvernement et fait une concession politique clé pour rester au pouvoir.

Ces votes font suite à la décision de Lecornu, mardi, de soutenir la suspension d'une réforme des retraites controversée de 2023, dans le but de maintenir son cabinet à flot suffisamment longtemps pour adopter un budget d'austérité indispensable d'ici la fin de l'année.

Le parti socialiste (PS) de gauche avait menacé de voter la destitution du Premier ministre s'il ne proposait pas de geler la réforme qui porterait l'âge de la retraite de 62 à 64 ans.

Sans le soutien du PS, deux motions distinctes déposées jeudi par la France insoumise (extrême gauche) et le Rassemblement national (extrême droite) n'ont pas obtenu les voix nécessaires pour renverser Lecornu.

Mais le député PS Laurent Baumel a prévenu jeudi que le fait d'épargner le Premier ministre "n'était en aucun cas un pacte" pour l'avenir, appelant à "de nouvelles concessions" dans les négociations budgétaires imminentes.

La France, deuxième économie de la zone euro, est plongée dans une paralysie politique depuis que le président Emmanuel Macron a convoqué des élections anticipées l'année dernière dans le but de consolider son pouvoir.

Le vote a plutôt abouti à un parlement sans majorité absolue et à des gains pour l’extrême droite.

- Budget serré -

Lecornu, septième Premier ministre du président depuis 2017, doit désormais faire passer un budget de réduction des coûts devant un Parlement profondément divisé avant la fin de l'année, dans ce qui s'annonce comme une lutte acharnée.

Les votes de confiance font suite à deux semaines dramatiques dans la politique française.

Lecornu, devenu Premier ministre le mois dernier, a démissionné lundi dernier après des critiques sur son premier cabinet, pour être reconduit quelques jours plus tard et dévoiler une équipe remaniée à temps pour soumettre un projet de budget au Parlement.

Sous la pression de l'Union européenne pour maîtriser son déficit et sa dette, la France est confrontée à une bataille difficile concernant les mesures de réduction des coûts qui ont fait chuter les deux prédécesseurs de Lecornu.

Le ratio dette/PIB de la France est le troisième plus élevé de l'UE après celui de la Grèce et de l'Italie, et est proche du double du plafond de 60 % du bloc.

Lecornu s'est engagé à ne pas invoquer un outil constitutionnel utilisé pour faire passer chaque budget sans vote depuis 2022 et a promis de soumettre tous les projets de loi au débat.

« Le gouvernement fera des propositions, nous débattrons et vous voterez », a souligné mardi le fidèle de Macron, âgé de 39 ans, dans un discours aux députés.

Mais l’opposition a remis en question son optimisme.

Marine Le Pen, du Rassemblement national, a accusé les députés d'avoir accordé un sursis à Lecornu par « terreur électorale », affirmant qu'elle attendait avec « une impatience croissante » la dissolution du Parlement.

L'extrême droite voit sa meilleure chance de prendre le pouvoir dans l'élection présidentielle de 2027, lorsque le deuxième et dernier mandat de Macron prendra fin.