Le Vatican a annoncé sa propre enquête préliminaire sur Ricard en novembre dernier

Marseille (AFP) - Le parquet français a déclaré samedi qu'il avait clos une enquête sur des accusations d'agression sexuelle contre un cardinal, le délai de prescription étant expiré.

L'enquête a été lancée en novembre de l'année dernière après que Jean-Pierre Ricard, un évêque à la retraite nommé cardinal par le pape Benoît XVI en 2006, a admis en public qu'il s'était "comporté de manière répréhensible" envers une jeune fille il y a 35 ans.

L'homme de 78 ans, placé en garde à vue le 2 février, a déclaré aux enquêteurs qu'il avait "embrassé" la jeune fille, qui, selon lui, avait environ 13 ans.

Il a dit qu'il l'avait également embrassée et "l'avait caressée par-dessus ses vêtements", mais "il n'y avait pas eu de rapport sexuel".

La victime a affirmé que l'agression s'était poursuivie pendant trois ans.

Les infractions sexuelles les plus graves en France, comme le viol, sont généralement prescrites à 30 ans, mais le délai pour porter plainte peut être prolongé si la victime était mineure au moment de l'infraction.

"Le dossier a été classé en raison de la prescription", a déclaré à l'AFP le procureur de Marseille Dominique Laurens.

Les aveux de Ricard sont intervenus après qu'un rapport dévastateur de 2021 en France estimait que le clergé catholique avait abusé de 216 000 enfants depuis 1950.

Le Vatican a annoncé sa propre enquête préliminaire sur Ricard en novembre dernier, qui est toujours en cours.

Be Brave, une association luttant pour la fin des violences sexuelles contre les enfants, a critiqué la décision de la justice française comme une "mascarade" et une "imposture".

Le groupe a déclaré dans un communiqué que "rien n'a changé" depuis la publication du rapport sur les abus sexuels par le clergé.

"Nous exigeons des enquêtes judiciaires et parlementaires approfondies" sur les actes de pédophilie commis par des représentants de l'Eglise, ajoute le communiqué.

Le sénateur Xavier Iacovelli, dont le groupe parlementaire fait partie de la majorité présidentielle, a écrit sur Twitter qu'il n'était "plus concevable d'avoir ce délai de prescription qui empêche le jugement des prédateurs sexuels".