Contrairement aux trois journées de protestation précédentes, il n'y a pas eu d'appel à une journée de grève nationale

Paris (AFP) - Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue en France samedi lors d'une quatrième journée d'action contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron, les syndicats prévoyant d'intensifier les grèves si le plan n'est pas abandonné.

Contrairement aux trois jours de protestation précédents, il n'y a pas eu d'appel à une journée de grève nationale, bien que les contrôleurs aériens du deuxième aéroport de Paris aient organisé une grève surprise qui a entraîné l'annulation de la moitié des vols.

Macron et son gouvernement sont confrontés à une lutte à double sens pour mettre en œuvre le plan de relèvement de l'âge de la retraite de 62 à 64 ans en surmontant la résistance dans la rue et en faisant adopter la législation par le parlement.

Le syndicat CGT a déclaré que 500 000 personnes manifestaient rien qu'à Paris, plus que les 400 000 qu'il comptait lors de la dernière journée de manifestation du 7 février.

Le ministère de l'Intérieur, qui donne généralement des chiffres beaucoup plus faibles, a déclaré qu'il y avait 963 000 manifestants dans tout le pays et 93 000 à Paris.

Il y a eu des tensions lorsqu'une voiture et une poubelle ont été renversées et incendiées

Il y a eu des manifestations dans d'autres villes françaises à travers le pays, avec des images télévisées montrant des policiers utilisant des canons à eau dans la ville occidentale de Rennes.

Les manifestants de la capitale française ont emprunté le parcours de protestation traditionnel de la place de la République à la place de la Nation, derrière une banderole disant : "Non à travailler plus longtemps !".

Il y a eu des tensions lorsqu'une voiture et une poubelle ont été renversées et incendiées, ce qui a incité la police brandissant des boucliers et les pompiers à intervenir.

- 'Arrêter' -

La marche était menée par les dirigeants des huit principaux syndicats français, maintenant une unité étroite que le gouvernement n'a jusqu'à présent pas réussi à briser.

Les syndicats ont déclaré dans un communiqué commun qu'ils appelleraient à une grève nationale qui « immobiliserait la France » le 7 mars si le gouvernement « restait sourd à la mobilisation populaire ».

Une autre journée de protestations et de grève est prévue le 16 février.

Le chef de file de la CGT dure, Philippe Martinez, a déclaré que "la balle est dans le camp du président et du gouvernement pour déterminer si le mouvement s'intensifie et se durcit ou s'ils tiennent compte de la mobilisation actuelle".

Les contrôleurs aériens de l'aéroport de Paris Orly ont quant à eux organisé une grève inopinée qui a entraîné l'annulation de 50% des vols du hub numéro deux de Paris à partir de l'après-midi.

Et dans une démarche qui risque d'avoir de lourdes conséquences, les syndicats représentant les salariés des transports en commun parisiens de la RATP ont appelé à une grève continue à partir du 7 mars.

"Malgré le rejet par une très large majorité de la population, le gouvernement reste attaché à sa réforme brutale, injuste et injustifiée", ont-ils déclaré.

Des manifestations ont également eu lieu dans d'autres villes françaises dont Lille

S'exprimant à Bruxelles la semaine dernière, Macron a exhorté les syndicats à faire preuve d'un "esprit de responsabilité" et à "ne pas bloquer la vie du reste du pays".

Le parti au pouvoir de Macron est également confronté au défi de faire adopter la législation par le parlement où il a perdu sa majorité absolue aux élections de l'année dernière.

Il a besoin du soutien de l'opposition de droite pour éviter le recours à une mesure constitutionnelle potentiellement explosive qui permettrait à la législation d'être adoptée à toute vapeur sans vote.

"J'ai des doutes sur Macron, sa capacité à bouger, à écouter les gens", a déclaré Alfonso Gimeno, un retraité, venu manifester à Paris avec ses trois enfants âgés de 9, 13 et 15 ans.