Macron et Sunak étaient tout sourire lorsqu'ils se sont rencontrés pour la première fois en tant que dirigeants lundi

Paris (AFP) - Après des années de querelles publiques et même une brève confrontation navale dans la Manche, la Grande-Bretagne et la France cherchent à réinitialiser leurs relations sous le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak.

Sunak et le président français Emmanuel Macron se sont rencontrés pour la première fois en tant que dirigeants en marge du sommet de l'ONU sur le climat COP27 en Égypte lundi.

"Amis", a écrit Sunak sur une photo tweetée des deux hommes d'État dans une référence évidente à son éphémère prédécesseur Liz Truss, qui a déclaré en août qu'elle était indécise quant à savoir si le dirigeant français était un "ami ou un ennemi".

Mercredi, Macron a poursuivi en annonçant que les pays organiseraient un sommet sur la défense au début de l'année prochaine, mettant fin à des années de réunions bilatérales minimales.

"Notre partenariat avec le Royaume-Uni doit également être porté à un autre niveau", a déclaré l'homme de 43 ans lors d'un discours à la base navale du sud de la France à Toulon.

L'objectif était de « renouveler les ambitions de nos deux pays en tant qu'amis et alliés », a-t-il expliqué.

- Différence de style -

Macron et Sunak, 42 ​​ans, ont beaucoup en commun à un niveau superficiel, étant de taille et d'âge similaires, ainsi qu'un amour pour les communications fluides et les costumes bleu marine parfaitement adaptés.

Mais les similitudes sont plus profondes : leurs pères étaient médecins, tous deux ont fait des études privées, et chacun d'eux a fait carrière dans la banque avant d'entrer en politique - Macron chez Rothschild, Sunak chez Goldman Sachs.

Des divergences politiques subsistent, Sunak étant un partisan du libre-échange eurosceptique conservateur, tandis que Macron est un fervent pro-UE et un partisan d'une intervention forte de l'État.

Le style de Boris Johnson 'râpé' à Paris

Mais surtout, Sunak est considéré comme une "personne sérieuse et réfléchie" à Paris - contrairement à son ancien patron Boris Johnson qui a démissionné de son poste de Premier ministre en septembre, a déclaré à l'AFP l'ancien ambassadeur britannique à Paris Peter Ricketts.

"Le style est important parce que le style de Boris Johnson a clairement agacé les Français : la moquerie, le jeu de la relation franco-britannique comme un football politique à effet domestique, le fait qu'ils ne pourraient jamais faire confiance à ce qu'il a dit", a ajouté Ricketts.

"Je pense qu'il y a eu un changement fondamental de ton entre nous et les Français", a déclaré mardi à Sky News le secrétaire britannique au Travail et aux Pensions, Mel Stride.

- " Dirigé par un clown " -

Les relations entre Londres et Paris ont traversé l'une de leurs périodes les plus turbulentes depuis des décennies pendant le mandat de Johnson en raison des tensions liées au Brexit et de l'animosité personnelle.

Un ancien ambassadeur de France de haut rang a affirmé un jour que les relations n'avaient «jamais été aussi mauvaises depuis Waterloo».

Parmi les points faibles, Johnson a envoyé un navire de la marine dans la Manche lors d'un différend sur les droits de pêche et a dit à Macron dans un mélange de français et d'anglais qu'il devrait "prenez un grip" (prendre une prise) après une dispute sur les sous-marins.

À Londres, les dénonciations répétées de Macron du départ de la Grande-Bretagne de l'Union européenne – la politique phare du gouvernement de Johnson – ont été considérées comme incendiaires et hostiles.

"C'est triste de voir un grand pays avec lequel nous pourrions faire énormément de choses être dirigé par un clown", a déploré Macron à propos de Johnson lors d'une conversation avec ses conseillers l'année dernière, a rapporté le journal Canard Enchaine.

L'empressement de Macron à organiser un sommet sur la défense reflète cette volonté de travailler ensemble, tandis que Londres souhaite un nouvel accord pour empêcher les migrants de traverser la Manche dans de petites embarcations.

Le gouvernement de Sunak serait prêt à payer 80 millions de livres supplémentaires (91 millions d'euros) pour financer des services de police supplémentaires sur les plages françaises, tandis que les agents frontaliers britanniques auraient accès aux centres de contrôle français en retour.

"Les discussions avancent bien", a déclaré mardi à l'AFP un porte-parole du ministère français de l'Intérieur.

- Réinitialiser -

Mais de plus grands tests pour les relations franco-britanniques et plus larges entre l'UE et le Royaume-Uni sont à venir, notamment sur le désir de la Grande-Bretagne de renégocier les conditions de son départ de l'Union européenne des 27 pays.

Sous Johnson puis Truss, Londres a menacé de déchirer unilatéralement un élément clé de cet accord régissant le commerce entre le continent britannique et la province britannique d'Irlande du Nord.

"Toute véritable réinitialisation avec les Français devient presque impossible" si la Grande-Bretagne faisait une telle démarche, a averti Ricketts.

"Sur le fond, il y a des écarts majeurs entre Macron et Sunak qui est un politicien très différent avec un programme économique différent", a ajouté l'ancien conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre britannique Tony Blair.

"Je pense que Macron jugera Sunak sur ses actions et si elles semblent positives et constructives, je pense que les Français répondront, après avoir été déçus en série par les récents Premiers ministres britanniques", a-t-il déclaré à l'AFP.

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