Des manifestants participent à un rassemblement pour le droit à l'avortement en septembre

Paris (AFP) - Les législateurs du Parlement français ont voté jeudi l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution en réponse aux récents changements intervenus en Pologne et aux États-Unis.

Les députés du parti de gauche La France insoumise (LFI) et la coalition centriste au pouvoir ont conclu un accord sur le libellé de la nouvelle clause, qui a été adoptée à une large majorité.

« La loi garantit l'effectivité et l'égalité d'accès au droit d'interrompre volontairement une grossesse », lit-on dans l'ajout constitutionnel proposé à l'article 66.

Il a été approuvé avec 337 voix pour et 32 ​​contre, le projet de loi devant maintenant être envoyé au Sénat à majorité conservatrice pour approbation.

L'initiative a été motivée par la décision explosive de la Cour suprême des États-Unis cette année d'annuler le droit national à des procédures de résiliation pour les Américains.

Le gouvernement conservateur de Pologne a également fortement restreint le droit à l'avortement.

La proposition a été adoptée avec une majorité de 337 pour et 32 ​​contre

"L'assemblée parle au monde, notre pays parle au monde", a déclaré en liesse la députée Mathilde Panot de LFI, en dédiant le vote aux femmes en Hongrie, en Pologne et aux Etats-Unis.

Panot, qui a dirigé la législation avec un membre du parti du président Emmanuel Macron, a déclaré que cette décision était nécessaire en France pour se protéger « contre une régression ».

L'avortement a été légalisé en France en 1974 dans une loi défendue par la ministre de la Santé Simone Veil, une icône des droits des femmes qui a reçu le rare honneur d'être enterrée au Panthéon par Macron à sa mort en 2018.

- Juridique depuis 48 ans -

Une précédente tentative d'inscrire le droit à l'avortement ainsi qu'à la contraception dans la constitution française, avec une formulation différente, avait été rejetée par le Sénat en octobre.

Cette deuxième tentative aura également besoin d'un feu vert à la chambre haute et devra ensuite être votée lors d'un référendum national.

"C'est un grand pas... mais ce n'est qu'un premier pas", a déclaré le député centriste Sacha Houlie du parti Renaissance de Macron.

L'accord de jeudi a été un rare exemple d'harmonie entre la LFI d'extrême gauche et les alliés centristes de Macron à l'Assemblée nationale accrochée et souvent de mauvaise humeur.

Le gouvernement minoritaire de Macron a lutté à plusieurs reprises pour faire adopter des lois, trouvant difficile la coopération avec les différentes factions politiques.

De nombreux politiciens conservateurs et catholiques avaient fait part de leurs doutes quant au changement de l'avortement, le considérant comme inutile compte tenu des protections juridiques déjà en place.

La dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen, dont le Rassemblement national est le plus grand parti d'opposition au parlement, l'avait qualifiée de "totalement déplacée" plus tôt cette semaine car le droit à l'avortement n'était pas menacé en France.

Elle a voté en faveur du changement jeudi, tandis que les députés de son parti et les républicains de droite se sont abstenus.