Les équipes de secours des pompiers se rassemblent après qu'un incendie a ravagé plusieurs immeubles d'appartements du complexe résidentiel Wang Fuk Court, dans le district de Tai Po à Hong Kong.

Hong Kong (AFP) - Le bilan du pire incendie qu'ait connu Hong Kong depuis des décennies s'est alourdi vendredi à 128 morts, tandis que des dizaines de personnes sont toujours portées disparues, les autorités ayant indiqué que les alarmes incendie des immeubles résidentiels avaient mal fonctionné.

Les familles ont écumé les hôpitaux et les centres d'identification des victimes dans l'espoir de retrouver leurs proches, alors qu'environ 200 personnes étaient toujours portées disparues et que 89 corps n'avaient pas encore été identifiés.

Mercredi après-midi, les flammes se sont propagées rapidement dans le complexe résidentiel Wang Fuk Court, dans le district de Tai Po, ravageant sept des huit immeubles et transformant ce complexe densément peuplé en un véritable brasier.

L'incendie était « en grande partie éteint » vendredi matin après avoir brûlé pendant plus de 40 heures, ont indiqué les pompiers, annonçant avoir terminé leurs recherches de survivants dans plus de 1 800 appartements.

Les autorités enquêtent sur les causes de l'incendie, notamment en examinant les échafaudages en bambou et les filets qui entourent le complexe dans le cadre d'une importante rénovation.

Le gouvernement de Hong Kong a déclaré vendredi qu'il semblait que l'incendie ait débuté dans les filets de protection des étages inférieurs de l'une des tours et que des panneaux de mousse et des échafaudages en bambou avaient contribué à sa propagation.

Le chef des pompiers, Andy Yeung, avait déclaré plus tôt qu'ils avaient découvert que les systèmes d'alarme des huit immeubles « fonctionnaient mal ».

Des personnes sont en deuil après avoir identifié les corps suite à un important incendie qui a ravagé plusieurs immeubles d'appartements du complexe résidentiel Wang Fuk Court, dans le quartier de Tai Po à Hong Kong.

« Nous prendrons des mesures coercitives à l’encontre des entrepreneurs responsables », a déclaré Yeung lors d’une conférence de presse.

Les habitants ont raconté avoir dû faire du porte-à-porte pour alerter leurs voisins du danger.

Vendredi matin, devant les immeubles d'appartements calcinés, des ouvriers sortaient des corps dans des sacs noirs ; un journaliste de l'AFP en a compté quatre en l'espace de 15 minutes.

Un autre journaliste a constaté que des véhicules déchargeaient des corps dans une morgue de Sha Tin, une localité voisine, et que des familles arrivaient dans l'après-midi pour procéder à l'identification.

Dans un hôpital de Sha Tin, une femme du nom de famille Wong cherchait sa belle-sœur et la jumelle de celle-ci, en vain.

« Nous ne les trouvons toujours pas. Alors nous allons dans différents hôpitaux pour demander s’ils ont de bonnes nouvelles », a déclaré en larmes à l’AFP cet homme de 38 ans.

« Nous étions déjà à l’hôpital Prince of Wales le premier jour, mais il n’y avait aucune nouvelle. Nous sommes également venus ici hier. »

Le dernier contact avec les jumeaux remonte à mercredi après-midi, a déclaré Wong, soit à peu près au moment où l'incendie a été signalé.

Un corps est transféré dans un véhicule à la suite d'un important incendie qui a ravagé plusieurs immeubles d'habitation à Hong Kong.

« Un immeuble a pris feu et l’incendie s’est propagé à deux autres pâtés de maisons en moins de 15 minutes », a déclaré à l’AFP un témoin oculaire de 77 ans, surnommé Mui.

« C’était très rapide. C’était rougeoyant, j’en frémis encore. »

- Début des enquêtes -

Cet incendie est le plus meurtrier à Hong Kong depuis 1948, année où une explosion suivie d'un incendie avait fait au moins 135 morts.

Les incendies meurtriers étaient autrefois un fléau régulier dans la ville densément peuplée de Hong Kong, en particulier dans les quartiers les plus pauvres, mais l'amélioration des mesures de sécurité les a rendus beaucoup moins fréquents.

Le responsable de la sécurité de la ville, Chris Tang, a déclaré que l'enquête sur les causes de l'incendie pourrait prendre jusqu'à trois ou quatre semaines.

Des habitants déplacés se reposent sur des matelas donnés dans un centre commercial près du lieu d'un important incendie à Hong Kong.

L'organisme anticorruption de Hong Kong a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête sur les travaux de rénovation du complexe, quelques heures après que la police a déclaré avoir arrêté trois hommes soupçonnés d'avoir négligemment laissé des emballages en mousse sur le lieu de l'incendie.

Le ministère du Travail a indiqué vendredi à l'AFP avoir effectué 16 inspections des travaux d'entretien du tribunal Wang Fuk depuis juillet 2024, la plus récente ayant eu lieu le 20 novembre, après quoi le ministère a adressé des avertissements écrits à l'entrepreneur pour lui rappeler de « mettre en œuvre des mesures de prévention des incendies appropriées ».

Les autorités de Hong Kong procéderont immédiatement à l'inspection de tous les ensembles résidentiels faisant l'objet de travaux importants suite à la catastrophe, et envisageront à plus long terme le recours à des échafaudages métalliques sur les chantiers de construction.

- Effort communautaire -

Le gouvernement de Hong Kong a annoncé un fonds de 300 millions de dollars hongkongais (38,5 millions de dollars américains) pour aider les victimes de l'incendie.

Les autorités municipales ont indiqué avoir ouvert neuf centres d'hébergement et être en train d'organiser des solutions d'hébergement temporaire et des aides d'urgence pour les personnes ayant perdu leur logement.

Les activités liées aux élections législatives de Hong Kong, prévues le 7 décembre, ont été suspendues.

L’effort communautaire spontané mis en place pour aider les pompiers et les personnes déplacées était devenu une machine bien huilée dès vendredi.

Des points de distribution distincts pour les vêtements, la nourriture et les articles ménagers avaient été installés sur une place publique près des tours, ainsi que des stands proposant des soins médicaux et psychologiques.

Les dons ont été si nombreux que les organisateurs ont lancé un appel sur les réseaux sociaux pour dire qu'ils n'avaient plus besoin de rien.