La France a déjà infligé trois amendes à Shein en 2025.

Paris (AFP) - Le géant asiatique du commerce électronique Shein a annoncé lundi qu'il interdisait la vente de poupées sexuelles sur ses sites dans le monde entier après que les autorités françaises l'ont condamné pour avoir présenté des poupées ressemblant à des enfants.

Le ministre français des Finances avait menacé d'interdire l'enseigne sur le territoire si elle reprenait la vente de ces poupées à l'allure enfantine, quelques jours seulement avant l'ouverture de son premier magasin physique à Paris.

Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert des enquêtes contre Shein, ainsi que contre ses concurrents AliExpress, Temu et Wish, concernant la vente de poupées sexuelles.

Les enquêtes portaient sur la diffusion de « messages violents, pornographiques ou inappropriés, (et) accessibles aux mineurs », a déclaré le bureau à l'AFP.

Les enquêtes ont été ouvertes après que l'unité antifraude française a signalé samedi que Shein vendait des poupées « enfantines » à caractère probablement pornographique.

Le quotidien français Le Parisien a publié une photo d'une des poupées vendues sur la plateforme, accompagnée d'une légende à connotation sexuelle explicite.

La poupée représentée mesurait environ 80 centimètres (30 pouces) de hauteur et tenait un ours en peluche.

Peu après la déclaration de l'organisme de surveillance des fraudes, Shein a annoncé que les poupées avaient été retirées de sa plateforme et qu'elle avait lancé une enquête interne.

Elle a ensuite annoncé, dans un communiqué publié lundi, qu'elle imposait une « interdiction totale des produits de type poupée sexuelle » et avait supprimé toutes les annonces et images y faisant référence.

Un porte-parole a indiqué à l'AFP que l'interdiction s'appliquait à l'échelle mondiale.

« Ces publications proviennent de fournisseurs tiers, mais j'en assume la responsabilité personnelle », a déclaré Donald Tang, directeur général de Shein.

- Avertissement français -

Le ministre français des Finances, Roland Lescure, avait averti lundi qu'il interdirait à l'entreprise d'accéder au marché français si les articles étaient remis en vente en ligne.

« Ces objets horribles sont illégaux », a-t-il déclaré à la chaîne BFMTV, promettant une enquête judiciaire.

Shein a déclaré qu'elle mettait en place une équipe dédiée pour garantir « l'intégrité » du contenu sur la plateforme de vente.

La haute-commissaire française à l'enfance, Sarah El Hairy, a déclaré que plusieurs sites web faisaient l'objet d'une enquête, après que les médias français ont rapporté que la plateforme de vente en ligne chinoise AliExpress vendait les mêmes poupées.

AliExpress a déclaré avoir immédiatement retiré les articles de son site web.

Le bureau anti-fraude a déclaré lundi soir dans un communiqué qu'il engageait des poursuites judiciaires contre AliExpress pour la vente de « poupées de type pédopornographique ».

- Boutique Shein à Paris -

Shein doit ouvrir mercredi sa première boutique physique au monde au sein du prestigieux grand magasin BHV Marais, en plein cœur de Paris, une initiative qui a suscité l'indignation en France.

Frédéric Merlin, le directeur de la société propriétaire de BHV, a déclaré que la vente de ces poupées à l'allure enfantine était « inacceptable », mais a défendu lundi sa décision d'autoriser Shein à s'implanter dans le grand magasin.

« Seuls les vêtements et articles conçus directement par Shein pour BHV seront vendus en magasin », a-t-il déclaré.

Shein, une entreprise basée à Singapour et initialement fondée en Chine, a fait l'objet de critiques concernant les conditions de travail dans ses usines et l'impact environnemental de son modèle commercial de mode ultra-rapide.

Suite à cette annonce, certaines marques ont retiré leurs produits du BHV Marais.

La France a déjà infligé trois amendes à Shein en 2025 pour un total de 191 millions d'euros (220 millions de dollars).

Ces sanctions ont été imposées pour non-respect de la législation sur les cookies en ligne, publicité mensongère, informations trompeuses et non-déclaration de la présence de microfibres plastiques dans ses produits.

La Commission européenne enquête également sur Shein en raison des risques liés à ses produits illégaux, tandis que les législateurs européens ont approuvé une législation visant à limiter l'impact environnemental de la mode rapide.