La pression augmentait sur les autorités françaises après la suppression surprise des images de vidéosurveillance du Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions le mois dernier, les critiques alléguant une dissimulation délibérée.

Paris (AFP) - La pression montait vendredi sur les autorités françaises après que la révélation surprise des images de vidéosurveillance du Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions le mois dernier a été supprimée, les critiques alléguant une dissimulation délibérée.

La Fédération française de football a révélé jeudi à une commission du Sénat français que les images avaient été détruites automatiquement n'ayant pas fait l'objet d'un mandat des autorités judiciaires, conformément à la loi française.

La révélation ajoute à la controverse après que des problèmes de contrôle des foules, des gaz lacrymogènes et des crimes de rue ont entaché la finale au Stade de France à Paris entre Liverpool et le Real Madrid le 28 mai.

La réputation de la France en a pris un coup, comme l'indique un rapport du gouvernement vendredi.

Il a déclaré que la "chaîne d'échecs" des autorités françaises a infligé "de graves dommages" à l'image du pays.

Les politiciens de l'opposition se sont emparés des dernières révélations sur les images de CCTV pour marteler les autorités.

"Cela s'appelle brouiller les pistes", a déclaré vendredi à BFMTV la dirigeante d'extrême droite du Rassemblement national, Marine Le Pen.

"Le fait qu'il n'y ait pas d'images de vidéosurveillance permet de couvrir leurs énormes mensonges", a ajouté Le Pen, soulignant l'affirmation initiale du gouvernement français selon laquelle de faux billets à "l'échelle industrielle" ont provoqué le pandémonium.

La police a demandé au Stade de France les images, mais seulement jeudi soir après qu'il soit devenu public que les images avaient été détruites, a indiqué vendredi à l'AFP une source proche du dossier.

"L'information d'hier selon laquelle les images ne seraient pas conservées pendant un mois, mais seulement quelques jours, nous a amenés à les demander", ont déclaré les procureurs de Bobigny, chargés de l'enquête sur les faux billets.

L'État de France est autorisé à stocker les images de vidéosurveillance pendant 30 jours maximum, mais les serveurs n'ont la capacité de les stocker que pendant sept ou huit jours.

Sur Twitter, la police française a déclaré jeudi que les images prises par les caméras du Stade de France n'existent peut-être plus mais que la police avait toujours ses images.

Mais le vice-président socialiste de la commission des lois du Sénat, David Assouline, s'est dit vendredi sur Franceinfo "stupéfait" par la nouvelle, ajoutant qu'elle démontrait un "incroyable manque de coordination" entre la police et les politiques.

-'Scandale d'Etat'-

Le maire de Liverpool, Steve Rotheram, interrogé par la commission sénatoriale après la délégation de la FFF, a déclaré ne pas "comprendre pourquoi les vidéos ont été détruites".

"On va tout droit vers un scandale d'Etat", a déclaré le chef de la faction de l'opposition Les Républicains (LR) au Sénat, Bruno Retailleau, à la radio RFI, ajoutant que la destruction des images de vidéosurveillance était un "acte intentionnel... de faire disparaître des preuves". ”.

Mais la députée du parti au pouvoir Aurore Berge a déclaré sur la radio RMC qu'il y avait suffisamment d'éléments pour l'enquête.

"Nous avons beaucoup de témoignages et d'images qui devraient néanmoins guider (les enquêteurs)", a déclaré Berge.

Jeudi, le préfet de police de Paris Didier Lallement a reconnu devant la commission sénatoriale chargée d'enquêter sur le chaos du 28 mai que les opérations de sécurisation de la finale de la Ligue des champions étaient un "échec".

«Ce fut un échec parce que les gens ont été bousculés et attaqués. C'est un échec parce que l'image du pays a été ternie », a-t-il dit.

Lallement et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ont initialement imputé le chaos à pas moins de 40 000 supporters de Liverpool qui se sont massés au stade sans billets ou avec des billets contrefaits.

Ce chiffre est largement contesté depuis par des témoins et des médias utilisant des images du terrain, et Lallement a avoué hier : « Peut-être ai-je fait une erreur dans le chiffre que j'ai donné au ministre ».

Il a reconnu qu'il n'y avait pas 30 000 à 40 000 "aux portes du stade" mais a soutenu que plusieurs milliers se trouvaient "aux abords" des postes de contrôle de la police au Stade de France au nord de la capitale.

De nombreux supporters de Liverpool ont eu du mal à entrer dans le stade, ce qui a retardé le coup d'envoi de plus d'une demi-heure et s'est écrasé aux portes d'entrée, où la police a tiré des gaz lacrymogènes.

La décision initiale du gouvernement de blâmer les supporters de Liverpool pour les problèmes a provoqué des tensions entre la France et la Grande-Bretagne, tout en soulevant des questions sur la capacité de Paris à accueillir la Coupe du monde de rugby l'année prochaine et les Jeux olympiques en 2024.