La viande de cheval a depuis longtemps sa place dans les cuisines françaises

Marseille (AFP) - Dix-huit personnes ont été jugées mardi en France accusées d'avoir dirigé un réseau européen géant de commerce de viande de cheval impliquant des produits non dédouanés pour la consommation humaine.

Principalement boudée par les consommateurs aux États-Unis et en Grande-Bretagne, la viande de cheval - généralement moins chère que le bœuf - fait depuis longtemps partie des habitudes culinaires des pays européens, dont la France, mais sa production et sa distribution sont strictement réglementées.

L'affaire devant être jugée dans la ville portuaire méridionale de Marseille est le plus grand scandale de la viande de cheval depuis 2013, lorsque des millions de plats cuisinés ont été retirés des magasins à travers l'Europe après avoir découvert qu'ils contenaient de la viande de cheval au lieu de seulement du bœuf comme indiqué sur l'étiquette.

Des ressortissants français, belges et néerlandais sont poursuivis pour avoir enfreint les règles sanitaires de l'UE régissant le commerce de la viande de cheval et pour avoir falsifié des documents officiels entre 2010 et 2015.

Ils sont également accusés d'avoir dupé les propriétaires de chevaux vieillissants en leur faisant croire que leurs animaux bien-aimés passeraient leurs jours à la campagne alors qu'en réalité ils étaient emmenés directement à l'abattoir.

Les accusations spécifiques dans le procès, qui devrait durer trois semaines, sont la fraude, le complot en vue de commettre une fraude, la tromperie des consommateurs et la mise en danger de leur santé.

- 'Ils ont trompé tout le monde' -

Les membres du groupe, qui comprend des négociants en viande de cheval agréés et des vétérinaires, auraient enfreint un certain nombre de règles de l'UE concernant l'importation de chevaux, notamment en falsifiant des certificats d'origine.

Le principal suspect est le Belge Jean-Marc Decker, 58 ans, qui, selon les procureurs, a fourni au réseau des chevaux dont la viande était impropre à la consommation.

Outre les individus mis en cause, pour la plupart dans les années 50 ou 60, une société de vente en gros de viande de cheval basée dans le sud de la France est également accusée d'avoir distribué de la viande, prétendant à tort qu'elle était française.

L'entreprise, selon les procureurs, "était indifférente aux impératifs sanitaires qui régissent le secteur".

La procédure judiciaire devait commencer par le témoignage du haut fonctionnaire vétérinaire de l'abattoir municipal d'Alès, dans le sud de la France, où l'enquête avait débuté en 2013.

L'ancienne propriétaire de chevaux Aline Oudin, qui devait témoigner mercredi, a déclaré à l'AFP qu'elle avait remis son cheval à l'un des prévenus en 2013 en échange d'une promesse d'une "retraite heureuse" pour l'animal. Deux semaines plus tard, elle a découvert que le cheval avait été abattu et sa viande vendue.

"Ils ont trompé les propriétaires, ils ont trompé les consommateurs, ils ont trompé tout le monde", a-t-elle déclaré.

Parmi les plaignants figurent également l'Association des vétérinaires de France, l'ANBV et la municipalité d'Alès.