Le président Emmanuel Macron s'est dit choqué par l'embuscade du fourgon de la prison

Caen (France) (AFP) - La police française était mercredi à la recherche d'un groupe d'hommes armés qui ont tué deux agents pénitentiaires lors d'une attaque au péage d'une autoroute qui a permis de libérer un condamné lié à des gangs de trafic de drogue.

Les meurtres et la fuite spectaculaire des auteurs ont choqué la France, les autorités étant sous pression pour arrêter les responsables, qui sont tous toujours en liberté.

"Nous avons déployé beaucoup de moyens pour retrouver non seulement la personne qui s'est enfuie", mais aussi "la bande qui l'a libéré dans des circonstances aussi ignobles", a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à la chaîne RTL.

"Nous mettons des moyens considérables, nous faisons beaucoup de progrès", a-t-il ajouté.

Mardi, plus de 450 policiers et gendarmes ont été mobilisés rien que pour les recherches dans le département de l'Eure (nord), où a eu lieu l'attaque, a-t-il précisé.

- "Nous serons intransigeants" -

Deux gardiens de prison ont été tués dans cette attaque et trois autres blessés, a indiqué mardi la procureure de Paris, Laure Beccuau.

L'un des hommes blessés se battait pour sa vie à l'hôpital et deux autres recevaient des soins intensifs, a-t-elle indiqué.

Le fourgon de la prison a été percuté de plein fouet par un véhicule Peugeot volé alors qu'il traversait le passage à péage.

L'incident s'est produit mardi matin au péage d'Incarville, dans l'Eure, dans le nord de la France.

Le détenu était en train d'être reconduit vers sa prison de la ville d'Evreux après avoir été entendu par un juge du chef-lieu régional de Rouen en Normandie.

Le procureur a déclaré que le fourgon de la prison avait été percuté de plein fouet par un véhicule Peugeot volé alors qu'il traversait le passage à péage.

Mais la camionnette et un autre véhicule du convoi pénitentiaire étaient également suivis par une Audi.

Le tireur est sorti des deux voitures et a tiré sur les deux véhicules de la prison.

"Nous serons intransigeants", a déclaré le président Emmanuel Macron sur X, qualifiant l'attaque de "choc".

Les chaînes de télévision françaises ont diffusé des images de l'attaque filmées par les caméras de surveillance du péage, montrant la Peugeot percutant de plein fouet le fourgon de la prison.

Dans la vidéo, plusieurs hommes armés vêtus de noir émergent des deux véhicules d'attaque. Une fusillade s'ensuit et un individu semble être éloigné de la camionnette par les hommes armés.

Un véhicule qui aurait été utilisé par les assaillants a ensuite été retrouvé sous forme d'épave incendiée à un autre endroit.

- 'Je n'aurais jamais imaginé' -

Les gardiens de prison décédés, tous deux hommes, étaient les premiers à être tués dans l'exercice de leurs fonctions depuis 1992, selon le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

L’un d’eux était marié et avait des jumeaux tandis que l’autre « a laissé une femme enceinte de cinq mois », a-t-il précisé.

Les syndicats du personnel pénitentiaire ont annoncé mercredi une journée de service minimum et ont demandé des mesures urgentes pour améliorer la sécurité du personnel.

Dupond-Moretti a indiqué qu'il rencontrerait les représentants syndicaux mercredi.

"Nous sommes en deuil", a déclaré à l'AFP Vanessa Lefaivre, du syndicat FO de la prison de Fleury-Mérogis.

« Nous n’aurions jamais imaginé que le personnel pénitentiaire serait tué de cette façon. »

- "Tue plus que le terrorisme" -

Le procureur Beccuau a nommé le détenu Mohamed Amra, né en 1994, affirmant que la semaine dernière, il avait été reconnu coupable de vol aggravé et inculpé dans une affaire d'enlèvement ayant entraîné la mort.

Mohamed Amra est soupçonné d'être impliqué dans un trafic de drogue

Mais une source proche du dossier a déclaré qu'Amra était soupçonné d'être impliqué dans le trafic de drogue et d'avoir ordonné des meurtres de gangs.

Une autre source affirme qu'il est soupçonné d'être à la tête d'un réseau criminel. Certains médias disaient qu'il portait le surnom de « La Mouche ».

Son avocat, Hugues Vigier, a déclaré qu'Amra avait déjà tenté de s'évader ce week-end en sciant les barreaux de sa cellule et s'était dit choqué par ces violences « inexcusables » et « insensées ».

"Cela ne correspond pas à l'impression que j'avais de lui", a déclaré l'avocat à BFMTV.

L'incident s'est produit le jour même où le Sénat français publiait un rapport accablant avertissant que les mesures gouvernementales n'avaient pas réussi à empêcher l'essor de l'industrie des stupéfiants en France.

"Le narco-banditisme tue beaucoup de gens, bien plus que le terrorisme", a déclaré Darmanin, pointant également la responsabilité des usagers de drogue.

"On ne peut pas à la fois pleurer les veuves et les orphelins de l'attentat du péage de l'Eure et ensuite fumer un joint... c'est ce qu'on appelle la schizophrénie."

La loi et l'ordre sont une question majeure dans la politique française à l'approche des élections européennes du mois prochain et l'embuscade du fourgon de la prison a suscité de vives réactions de la part des politiciens, en particulier de l'extrême droite.

"C'est une véritable sauvagerie qui frappe la France chaque jour", a déclaré Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national (RN) d'extrême droite, en tête des sondages d'opinion pour les élections.

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