Une tribune temporaire devant la Tour Eiffel accueillera le beach-volley

Paris (AFP) - Devant la Tour Eiffel, des stands sortent d'un enchevêtrement d'échafaudages, tandis que sur l'historique place de la Concorde, des chariots élévateurs bourdonnent pour transporter des matériaux de construction.

Partout et autour de Paris, les projets qui étaient sur la planche à dessin depuis sept ans depuis que la ville a obtenu le droit d'accueillir les Jeux olympiques de 2024 se concrétisent, à 100 jours du début du plus grand événement sportif du monde.

Le tourbillon d'activités, y compris le hissage d'anneaux olympiques géants sur la Tour Eiffel, donne aux Parisiens l'occasion d'avoir un aperçu pour la première fois de la manière dont les 17 jours d'extravagance transformeront la ville.

"On les voit mettre en place les infrastructures", a déclaré à l'AFP Valentin Fargier, 27 ans, passionné de sport et parisien. « La ville est remise en ordre et les monuments sont propres. Ça va être génial."

Contrairement aux Jeux olympiques précédents, seuls deux nouveaux sites sportifs permanents ont été construits pour Paris 2024, dans le cadre d'un changement de stratégie délibéré visant à rendre les Jeux moins chers et plus « sobres ».

Cartes montrant les sites des événements des JO de Paris 2024

Une arène de 8 000 places qui accueillera les épreuves de badminton et de gymnastique rythmique a été inaugurée en février dans un quartier défavorisé du nord de Paris, tandis que le président Emmanuel Macron a coupé le ruban d'un nouveau centre aquatique dans une banlieue proche le 4 avril.

Ailleurs, 95 pour cent du sport devrait se dérouler dans des sites existants ou dans des tribunes temporaires qui poussent comme des champignons avant le début des Jeux le 26 juillet et des Jeux Paralympiques le 28 août.

Le beach-volley se jouera devant la Tour Eiffel, avec le tir à l'arc au monument des Invalides. Le skateboard aura lieu place de la Concorde et le château de Versailles accueillera les épreuves équestres.

Au total, 200 000 sièges sont en cours d'installation dans des lieux temporaires.

La Seine accueillera la baignade en eau libre – si la pollution le permet – ainsi que la spectaculaire cérémonie d'ouverture qui verra les équipes la parcourir en flottille de bateaux devant jusqu'à un demi-million de spectateurs.

- Menace terroriste -

Les organisateurs insistent sur le fait que tout, de l'infrastructure à leur budget, est sous contrôle.

"Nous sommes prêts pour cette dernière ligne droite", a déclaré l'organisateur en chef Tony Estanguet aux journalistes lors d'une conférence de presse à l'occasion du compte à rebours des 100 jours la semaine dernière. "Nous avons acquis beaucoup de confiance et de tranquillité d'esprit."

Il a noté que les travaux de construction constituaient souvent « le plus grand défi qui pose des problèmes pour l'organisation des Jeux ».

"Le calendrier a été parfaitement respecté, ce qui est un soulagement pour nous", a-t-il déclaré.

La France déploiera environ 45 000 membres des forces de sécurité pour la cérémonie d'ouverture

Les principaux doutes concernent la cérémonie d'ouverture extravagante sur l'eau – c'est la première fois que des Jeux olympiques s'ouvrent en dehors du principal stade d'athlétisme.

Le défi sécuritaire est immense, avec 45 000 soldats français qui devraient être mobilisés, une zone d’exclusion aérienne installée et de grandes parties du centre de Paris interdites à tous, sauf aux résidents et aux travailleurs essentiels, une semaine à l’avance.

"Nous voulons organiser des Jeux majeurs, des Jeux spectaculaires", a expliqué Estanguet. « Nous n'avons jamais reculé devant cela. Nous avons toujours fait preuve d'audace.

Certains experts en sécurité considèrent ces ambitions comme naïves, compte tenu de la récente résurgence du groupe État islamique et des tensions internationales provoquées par l'attaque israélienne sur Gaza.

Les autorités françaises estiment également que la Russie constitue une menace, soit par désinformation, soit par cyberattaque.

Lorsqu’on lui a demandé plus tôt ce mois-ci si le Kremlin ciblerait les Jeux olympiques, le président français Emmanuel Macron a répondu qu’il n’en avait « aucun doute ».

- 'Éphémère' -

Alors que l'architecture de renommée mondiale de la capitale française servira de superbe décor à ce sport, les habitants de la ville, souvent difficiles à satisfaire, ne semblent pas encore d'humeur à faire la fête.

La couverture médiatique a été dominée ces derniers mois par des grognes persistantes concernant le prix élevé des billets, le coût pour les contribuables, les menaces de grève, ainsi que l'augmentation prévue des tarifs dans le métro parisien grinçant pendant les Jeux.

De nombreux Parisiens aisés prévoient de partir en vacances pendant toute la durée de l'événement, souvent pour tirer profit des richesses proposées sur les sites de location d'appartements tels qu'Airbnb.

La ville et la nation trouveront-elles une fierté collective une fois que des milliards de téléspectateurs mondiaux commenceront à admirer les monuments, les eaux scintillantes de la Seine ou la flèche nouvellement reconstruite de la cathédrale Notre-Dame endommagée par le feu ?

"Si tout se passe bien dans ce moment difficile, si l'organisation est bonne, si les athlètes français remportent des médailles, cela pourrait créer un moment de fierté nationale", a déclaré à l'AFP l'historien français du sport Paul Ditschy, de l'université de Bourgogne-Franche-Comté.

Mais il a prévenu que ce serait « éphémère, comme le sport lui-même ».