Un véhicule de police surveille la zone proche du Palais National à Port-au-Prince, Haïti, le 2 avril 2024

Port-au-Prince (AFP) - La Bibliothèque nationale d'Haïti a été pillée mercredi par des bandes armées terrorisant Port-au-Prince, la capitale de ce pays des Caraïbes, a déclaré à l'AFP son directeur, alors que l'UNESCO condamnait les multiples attaques "dévastatrices" contre les institutions éducatives et artistiques de la ville. .

Le directeur de la bibliothèque, Dangelo Neard, a déclaré que l'histoire d'Haïti – la deuxième plus ancienne république de l'hémisphère occidental – était menacée.

« Nos collections documentaires sont en danger. Nous disposons de documents rares vieux de plus de 200 ans, importants pour notre patrimoine, qui risquent d'être brûlés ou endommagés par des bandits », a-t-il déclaré.

« On m'a dit que des casseurs emportaient le mobilier de l'institution. Ils ont également saccagé le générateur du bâtiment.

Les groupes armés contrôlent la majeure partie de Port-au-Prince et de vastes étendues de campagne en l’absence d’un gouvernement opérationnel et en raison des retards persistants dans la mise en place de l’autorité de transition promise.

Après plusieurs jours de calme relatif, les attaques ont repris à partir de lundi dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince.

L'attaque contre la Bibliothèque nationale fait suite aux assauts de la semaine dernière contre deux universités, l'Ecole normale supérieure et l'Ecole nationale des arts.

L'École nationale des arts « favorise le développement des artistes et le rayonnement de l'art haïtien à travers le monde », a déclaré l'UNESCO, l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, dans un communiqué condamnant le vandalisme au sein de l'institution.

L'Ecole Normale Supérieure, qui selon l'UNESCO a été le lieu d'un incendie criminel, est « l'un des piliers » du système éducatif du pays, ainsi que la plus ancienne institution de formation d'enseignants du pays.

« Ces actes de vandalisme, de pillage et d'incendies criminels contre les établissements d'enseignement du pays ont des conséquences dévastatrices pour l'avenir de la société haïtienne », a déclaré l'UNESCO.

La semaine dernière également, deux établissements de santé et dix pharmacies ont été pillés, a indiqué mercredi le bureau humanitaire de l'ONU, tandis que les hôpitaux restants sont confrontés à une pression croissante.

La police nationale du pays, en difficulté, a déclaré mardi dans un communiqué qu'elle était « déterminée et engagée à rétablir l'ordre et la paix ».

- Un nouveau MP arrive ? -

Haïti est secoué par une recrudescence de la violence depuis février, lorsque de puissantes bandes criminelles se sont associées pour attaquer les commissariats de police, les prisons, l'aéroport et le port maritime.

Ils cherchent à évincer le Premier ministre Ariel Henry, au pouvoir depuis l’assassinat du président Jovenel Moise en 2021. Le pays n’a pas de parlement en exercice, les dernières élections ayant eu lieu en 2016.

Le pays est également ravagé depuis des décennies par la pauvreté, les catastrophes naturelles, l'instabilité politique et la violence des gangs, l'assassinat de Moise ayant déclenché des mois d'insécurité croissante avant même les affrontements de février.

Non élu et impopulaire, Henry a annoncé le 11 mars qu'il démissionnerait dans le cadre d'un plan négocié au niveau international visant à faire place à un soi-disant conseil de transition.

Mais des semaines plus tard, le conseil n’a pas encore été officiellement formé et installé en raison de désaccords entre les partis politiques et d’autres parties prenantes concernant la nomination du prochain Premier ministre – et en raison de doutes sur la légalité même d’un tel conseil.

"Nous avons passé deux ans et demi avec Ariel Henry qui n'a rien fait, et maintenant, dans deux semaines, nous voulons faire beaucoup de choses", a déclaré à l'AFP Leslie Voltaire, conseillère municipale.

Il a également reproché à l'organisme régional CARICOM d'avoir précipité la formation du conseil, tout en affirmant qu'il serait constitué d'ici jeudi et qu'il élirait un Premier ministre d'ici une semaine.