La maison de Vincent Jeanbrun, maire de L'Hay-les-Roses, après avoir été percutée lors d'un attentat

Paris (AFP) - La grand-mère de l'adolescent français dont la fusillade mortelle par la police a déclenché plusieurs nuits de troubles a lancé un appel au calme dimanche alors que le domicile du maire d'une banlieue parisienne a été attaqué avec une voiture en feu dans une nouvelle flambée de violence .

Le gouvernement du président Emmanuel Macron est aux prises avec cinq nuits de violentes manifestations depuis que Nahel M., 17 ans, a été abattu mardi dans la banlieue parisienne de Nanterre par un officier lors d'un contrôle routier.

Le meurtre de Nahel M, d'origine algérienne, a ravivé les accusations de longue date de racisme institutionnel au sein de la police française, qui, selon des groupes de défense des droits, ciblent les minorités lors des contrôles.

Cherchant à réprimer ce qui est devenu l'un des plus grands défis de Macron depuis son entrée en fonction en 2017, le ministère de l'Intérieur a déployé ces deux dernières nuits 45 000 policiers et gendarmes dans tout le pays, ainsi que des hélicoptères et des véhicules blindés.

Le ministère de l'Intérieur a déclaré que 719 personnes avaient été arrêtées dans la nuit, soit environ la moitié du chiffre de la nuit précédente, mais avec des affrontements intenses toujours signalés dans plusieurs endroits, dont la ville méridionale de Marseille, mais plus calmes ailleurs.

Des troubles ont de nouveau éclaté dans la ville méridionale de Marseille

"Arrêtez et ne vous révoltez pas", a déclaré la grand-mère de Nahel, Nadia, à la télévision BFM lors d'un entretien téléphonique, affirmant que les émeutiers n'utilisaient sa mort que comme "prétexte".

"Je dis ceci aux gens qui se révoltent : ne brisez pas les vitres, n'attaquez pas les écoles ou les bus. Arrêt! Ce sont les mamans qui prennent le bus, ce sont les mamans qui marchent dehors », a-t-elle déclaré.

- 'Horreur et honte' -

Les politiciens ont condamné l'attaque contre le domicile de Vincent Jeanbrun, le maire de droite de L'Hay-les-Roses près de Paris, au cours de laquelle des assaillants ont enfoncé une voiture en feu dans son domicile dans le but d'y mettre le feu, ont déclaré les procureurs.

La femme et les enfants de Jeanbrun, âgés de 5 et 7 ans, étaient chez eux tandis que le maire lui-même était à la mairie pour faire face aux émeutes. La femme a été "grièvement blessée" avec une jambe cassée, ont déclaré les procureurs.

Le parquet a ouvert une enquête pour tentative de meurtre. "La nuit dernière, l'horreur et la honte ont atteint un nouveau niveau", a déclaré le maire dans un communiqué.

La première ministre française Elisabeth Borne s'est rendue sur les lieux de l'attentat contre la maison du maire

"La situation était globalement beaucoup plus calme", ​​a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne aux journalistes lors de sa visite à L'Hay-les-Roses.

« Mais un acte comme celui que nous avons vu ce matin ici est particulièrement choquant. Nous ne laisserons passer aucune violence" impunie, a-t-elle déclaré, appelant à ce que les auteurs soient sanctionnés avec la "plus grande sévérité".

Quelque 7 000 policiers ont été déployés rien qu'à Paris et dans sa banlieue, y compris le long de l'avenue des Champs-Élysées dans la capitale, haut lieu du tourisme, suite aux appels lancés sur les réseaux sociaux pour amener les émeutes au cœur de la ville.

La présence policière massive a permis de contenir la violence, a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

"Une nuit plus calme grâce à l'action résolue des forces de sécurité", a-t-il tweeté tôt dimanche.

Mais le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a prévenu sur la télévision BFM que "personne ne crie victoire".

A Marseille, qui a connu d'intenses affrontements et pillages, la police a dispersé samedi soir des groupes de jeunes à la Canebière, la principale avenue qui traverse le centre-ville, ont constaté des journalistes de l'AFP.

- 'Nouvelle réunion de crise' -

Les manifestations présentent une nouvelle crise pour Macron, qui espérait poursuivre les promesses de son deuxième mandat après avoir vu des mois de protestations qui ont éclaté en janvier contre le relèvement de l'âge de la retraite.

Marseille a connu d'intenses affrontements et pillages

Il a reporté une visite d'Etat en Allemagne qui devait débuter dimanche, signe de la gravité de la situation en France.

"Nous regardons bien sûr (les émeutes) avec inquiétude, et j'espère vivement, et j'en suis certainement convaincu, que le président français trouvera des moyens de faire en sorte que cette situation s'améliore rapidement", a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz à la chaîne de télévision ARD.

Macron présidera dimanche une réunion de crise avec des membres de son gouvernement, selon l'Elysée.

Afin de limiter la violence, les bus et les tramways en France ont cessé de circuler après 21h00 et la vente de grands feux d'artifice et de liquides inflammables a été interdite. Marseille a arrêté tous les transports urbains à partir de 18h00.

Macron a exhorté les parents à assumer la responsabilité des émeutiers mineurs, dont un tiers étaient "jeunes ou très jeunes".

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a déclaré samedi que 30% des personnes arrêtées étaient des mineurs, tandis que Darmanin a déclaré que l'âge moyen des personnes arrêtées n'était que de 17 ans.

Les troubles ont suscité des inquiétudes à l'étranger, la France accueillant la Coupe du monde de rugby à l'automne et les Jeux olympiques de Paris à l'été 2024.

La culture et le divertissement ont été perturbés, la chanteuse Mylène Farmer annulant les concerts dans les stades et la maison de couture française Céline annulant son défilé de mode masculine à Paris.

Un policier de 38 ans a été inculpé d'homicide volontaire suite à la mort de Nahel et placé en détention provisoire.