Seuls 13 000 spectateurs environ sont attendus au match dans une enceinte pouvant accueillir jusqu'à 80 000 spectateurs.

Paris (AFP) - Israël affronte jeudi à Paris la France lors d'un match de Ligue des Nations de football, entouré d'un important dispositif de sécurité pour éviter une répétition des attaques contre des supporters israéliens à Amsterdam la semaine dernière.

Le chef de la police parisienne a qualifié le match au Stade de France de « à haut risque » et Israël a exhorté ses citoyens à éviter ce match, dont les autorités craignent qu'il ne devienne un autre point d'éclair après les violences aux Pays-Bas.

Le contexte sécuritaire a clairement impacté l'affluence, avec seulement environ 13.000 spectateurs attendus au match dans une enceinte pouvant en contenir jusqu'à 80.000, a indiqué mercredi le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau.

Des supporters du club Maccabi Tel Aviv ont été poursuivis par des hommes en scooter et battus après un match de Ligue Europa contre l'Ajax à Amsterdam le 7 novembre.

La maire d'Amsterdam, Femke Halsema, a qualifié cet événement de « cocktail toxique » d'antisémitisme.

La police néerlandaise a déclaré que les violences étaient survenues après que des supporters du Maccabi eurent mis le feu à un drapeau palestinien la nuit précédente et vandalisé un taxi.

Le maire a toutefois souligné mardi que « même si une image plus complète des événements de la soirée a émergé » et que « toutes sortes de choses terribles se sont produites, cela ne nie en rien qu'un appel à la « chasse aux Juifs » ait été lancé.

Les violences à Amsterdam ont eu lieu dans un contexte de sentiment anti-israélien et d'actes antisémites en hausse dans le monde entier alors qu'Israël mène des guerres contre les militants islamistes soutenus par l'Iran au Liban et à Gaza.

Le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders a imputé la violence aux « musulmans ».

La France compte la plus grande population musulmane d’Europe occidentale.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mercredi soir à Paris contre la tenue d'un gala "Israël c'est pour toujours" dans la ville, organisé par des personnalités d'extrême droite.

Des manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens et allumé des fusées éclairantes rouges, selon des images de l'AFP. Des affrontements ont éclaté, la police tirant des gaz lacrymogènes et certains manifestants ont endommagé la vitrine d'un restaurant.

- Des milliers de policiers -

Au total, 4.000 policiers et membres des forces de l'ordre seront déployés à Paris et autour du Stade de France, où se sont déroulées les épreuves d'athlétisme et de rugby à 7 lors des JO de cette année, pour le match de jeudi.

Au total, 4 000 policiers et membres des forces de l'ordre seront déployés à Paris et aux abords du Stade de France

Dans un geste rare, des policiers seront également déployés à l'intérieur du stade. Des personnels civils sont normalement affectés à ces missions.

Une unité de police d'élite protégera l'équipe israélienne pendant son trajet vers et depuis le stade et 1 600 autres agents de sécurité civile seront également en service pendant le match.

Une source policière française a indiqué qu'une centaine de supporters israéliens assisteront au match. Ils se rendront au stade en bus pour éviter d'utiliser le métro.

« Je peux comprendre que les gens ne veuillent pas venir », a déclaré l'un des joueurs français, le défenseur Dayot Upamecano.

« Je suis ici pour jouer. J'aime la paix et j'espère qu'un jour nous l'aurons à nouveau, dans tous les pays », a déclaré le joueur du Bayern Munich.

Le sélectionneur de l'équipe de France Didier Deschamps a admis que le match s'était déroulé dans une « ambiance lourde ».

Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Michel Barnier seront présents, ainsi que les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy.

La présence de Macron au match vise à tirer un trait sur les « controverses et malentendus » dans les relations récentes entre la France et Israël, a déclaré un membre de son équipe.

- Montrer son « soutien » -

La semaine dernière, à Jérusalem, la police israélienne a pénétré dans une église appartenant à des Français, arrêtant brièvement deux gendarmes et poussant le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot à abandonner une visite prévue.

Le président serait présent au match « parce qu'il y avait une forte émotion, surtout après Amsterdam », a déclaré le responsable.

« Il est important de montrer du soutien, de dire aussi que nous ne céderons pas aux peurs.

« Je sais qu’il y a eu des controverses et des malentendus. Mais pour nous, il n’y a aucun doute sur l’implication du président dans la lutte contre l’antisémitisme. »

Une poignée de députés français, dont le parti La France insoumise (LFI), ont demandé que le match soit reporté ou déplacé dans une autre ville.

Mais Retailleau a rejeté cette suggestion. « La France ne recule pas, car cela équivaudrait à abandonner face aux menaces de violence et à l’antisémitisme », a-t-il déclaré.

Le gouvernement belge a adopté une attitude différente lors du match de son équipe nationale masculine contre Israël en septembre dernier. Il a décidé de déplacer le match en Hongrie, invoquant des raisons de sécurité.

Sur le terrain, la France n'a besoin que d'un match nul pour s'assurer une place en quarts de finale de la Ligue des Nations.