Depuis le début de la guerre, la quasi-totalité de la population de Gaza, qui compte plus de deux millions de personnes, a été déplacée au moins une fois.

Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) - Le directeur du plus grand hôpital de Gaza a déclaré mardi que 21 enfants étaient morts de malnutrition et de famine dans le territoire palestinien au cours des trois derniers jours, au milieu d'une attaque dévastatrice des forces israéliennes.

La population de Gaza, qui compte plus de deux millions d'habitants, est confrontée à de graves pénuries de nourriture et d'autres produits essentiels, et les habitants sont fréquemment tués alors qu'ils tentent de collecter de l'aide humanitaire dans une poignée de points de distribution.

« Vingt et un enfants sont morts de malnutrition et de famine dans différentes zones de la bande de Gaza », a déclaré aux journalistes Mohammed Abu Salmiya, directeur du complexe médical Al-Shifa à Gaza.

Le médecin a déclaré que les décès avaient été enregistrés dans plusieurs hôpitaux au cours des 72 dernières heures.

L'annonce est intervenue quelques heures seulement après que l'agence de défense civile de Gaza a déclaré que les frappes israéliennes avaient tué 15 personnes, après que l'Organisation mondiale de la santé a déclaré qu'Israël avait attaqué ses installations dans le cadre d'opérations terrestres en expansion.

Le porte-parole de l'agence, Mahmud Bassal, a déclaré à l'AFP que les frappes israéliennes sur le camp d'Al-Shati, à l'ouest de la ville de Gaza, ont tué au moins 13 personnes et en ont blessé plus de 50.

Les autorités du territoire contrôlé par le Hamas affirment que plus de 59 000 personnes ont été tuées au cours de la guerre qui dure depuis 21 mois.

La majeure partie de la population de Gaza a été déplacée au moins une fois pendant le conflit et le camp d'Al-Shati – sur la côte méditerranéenne – accueille des milliers de personnes déplacées du nord dans des tentes et des abris de fortune.

Raed Bakr, 30 ans, vit avec ses trois enfants et a déclaré avoir entendu « une énorme explosion » vers 1h40 du matin mardi (22h40 GMT lundi), qui a emporté leur tente.

« J'avais l'impression d'être dans un cauchemar. Du feu, de la poussière, de la fumée et des morceaux de corps volaient dans les airs, de la terre partout. Les enfants hurlaient », a raconté à l'AFP Bakr, dont la femme a été tuée l'an dernier.

Les habitants de Gaza déplacés regardent la fumée s'élever au-dessus de la ville de Khan Yunis, dans le sud du pays, après les frappes israéliennes.

Les derniers rapports sur le bilan des morts sont arrivés alors que le plus haut dignitaire religieux de l'Église catholique romaine en Terre Sainte a déclaré que la situation humanitaire à Gaza était « moralement inacceptable ».

« Nous avons vu des hommes attendre au soleil pendant des heures dans l'espoir d'un simple repas », a déclaré le patriarche latin Pierbattista Pizzaballa lors d'une conférence de presse à Jérusalem après avoir visité le territoire palestinien déchiré par la guerre.

- Nouvelles opérations terrestres -

Sa visite intervient après qu'une frappe de l'armée israélienne sur la seule église catholique de Gaza a tué trois personnes la semaine dernière, incitant le pape Léon XIV à condamner la « barbarie » de la guerre et l'« usage aveugle de la force ».

L’Organisation mondiale de la santé a également vivement critiqué l’armée israélienne.

Des photos de l'AFP prises à Deir el-Balah montrent des panaches de fumée noire s'élevant dans le ciel.

Le directeur général de l'agence des Nations Unies, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a accusé les troupes d'être entrées dans la résidence du personnel et d'avoir forcé des femmes et des enfants à évacuer, tandis qu'elles menottaient, déshabillaient et interrogeaient le personnel masculin sous la menace d'une arme.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a averti lundi soir que « les dernières bouées de sauvetage qui maintiennent les gens en vie s'effondrent » à Gaza, et que de plus en plus d'enfants et d'adultes souffrent de malnutrition.

Les dernières critiques contre Israël surviennent alors que ses forces ont étendu leurs opérations terrestres à Deir el-Balah après d'intenses bombardements sur la zone du centre de Gaza lundi.

L'armée israélienne avait auparavant ordonné aux habitants de partir, les avertissant d'une action imminente dans une zone où elle n'avait pas opéré auparavant.

Bassal, de l'agence de défense civile, a déclaré que deux personnes avaient été tuées à Deir el-Balah.

L'armée israélienne a déclaré plus tard que ses troupes « ont identifié des coups de feu tirés vers eux dans la région de Deir al-Balah et ont riposté en direction de la zone d'où provenaient les tirs ».

« L'armée ne s'abstiendra pas d'opérer dans les zones où l'activité terroriste menace la sécurité de l'État d'Israël », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) estime qu'entre 50 000 et 80 000 personnes vivaient dans cette zone, jusqu'à présent considérée comme relativement sûre.

Environ 30 000 personnes vivaient dans des sites de déplacement.

Des images de l'AFP prises dans le centre de Gaza montrent un large panache de fumée s'élevant au-dessus de Deir el-Balah tandis qu'un drone de surveillance bourdonne au-dessus.

Selon l'OCHA, près de 88 % de la bande de Gaza est désormais sous ordre d'évacuation ou se trouve dans des zones militarisées israéliennes, forçant la population de 2,4 millions d'habitants à se réfugier dans un espace de plus en plus restreint.

La campagne militaire israélienne à Gaza a tué 59 106 Palestiniens, principalement des civils, selon le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas.

L'attaque du Hamas de 2023, qui a déclenché la guerre, a fait 1 219 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.